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Procès Michel Cadotte: la défense réclame une peine de 6 à 12 mois de prison, la famille est éclatée - Le Journal de Montréal

En tuant par compassion sa femme atteinte d’Alzheimer, Michel Cadotte a fait éclater la famille de la défunte en deux camps : ceux qui l’ont soutenu et ceux qui l’ont renié.

« Chaque souvenir que j’ai de ma mère est entaché par l’image de [Cadotte] avec un oreiller pour étouffer ma mère », a témoigné avec émotion David Desautels, ce vendredi au palais de justice de Montréal. 

Cette amertume a été sentie tout au long de plusieurs témoignages entendus aux plaidoiries sur la peine à imposer à Michel Cadotte, 57 ans, coupable de l’homicide involontaire de son épouse Jocelyne Lizotte. 

Aux yeux de la défense, Cadotte mériterait une peine allant de 6 à 12 moins de prison mais compte tenu de la détention préventive, sa peine sera déjà purgée. S’il reste du temps à purger, la défense a suggéré qu’il le soit de façon discontinue. La Couronne a pour sa part recommandé une peine d'emprisonnement de huit ans.

 À cela s’ajouterait une probation de trois ans et 240 heures de travaux communautaires. 

La femme de 60 ans, qui souffrait d’Alzheimer au point où elle ne reconnaissait plus personne, est décédée le 20 février 2017 dans le CHSLD Émilie-Gamelin où elle résidait. Un an plus tôt, elle s’était fait refuser l’aide médicale à mourir. 

Cadotte était le seul à s’occuper de son épouse, allant jusqu’à prendre de cours de préposé aux bénéficiaires pour maintenir une certaine qualité de vie à Mme Lizotte. 

« Michel [Cadotte] dit qu’il voulait mettre fin aux souffrances [de Mme Lizotte], mais c’était plutôt les siennes », a déclaré amer le fils de la défunte, en ajoutant que l’homicide avait causé une « onde de choc » dans la famille. 

Amertume

Un frère Mme Lizotte s’est de son côté montré plus amer face à la situation. 

« Je suis dévasté qu’il ait assassiné ma sœur, a écrit Sylvain Lizotte dans une lettre lue à la cour. J’aurais voulu dire au revoir à ma sœur une dernière fois. Je lui avais promis de prendre soin d’elle jusqu’à la fin. Je suis en colère tous les jours. » 

Mais si des proches de Mme Lizotte ne cachent pas leur colère contre Cadotte, d’autres sont d’un avis contraire. Johanne Lizotte, la sœur de la défunte, a expliqué avoir pris le décès comme une « délivrance » pour sa sœur. 

« Je ne le dis pas méchamment, a dit la femme qui travaillait jusqu’à sa retraite dans un CHSLD. J’en ai vu des cas d’Alzheimer, j’en ai vu jusqu’à la phase terminale. J’ai vu ma sœur, comment elle était... ce n’était plus elle. Elle était attachée... un prisonnier n’est pas autant attaché qu’elle l’était. Dans la dernière année, à chaque fois que j’allais la visiter, j’espérais que le Bon Dieu allait la chercher. Je peux comprendre la détresse de [Michel Cadotte], j’ai été aidante naturelle deux fois, on a dû me ramasser en petits morceaux. 

Aidants naturels

Au cours de l’audience, qui servira à déterminer quelle sentence devrait être imposée à Michel Cadotte, une représentante du Regroupement des aidants naturels du Québec a également témoigné pour parler du système de santé. 

« Être aidant naturel, ça entraîne de la solitude, de l’épuisement, de la frustration, de la culpabilité, tout ça lorsqu’on prend soin de la personne seulement deux heures par semaine », a expliqué Mélanie Perroux. 

Sylvie Grenier, de la Fédération Québécoise des sociétés Alzheimer, a de son côté rappelé que 145 000 personnes sont atteintes d’Alzheimer au Québec, et des stigmates qu’entraîne cette maladie. 

« Le réseau de la santé fait son gros possible avec les ressources qu’il a, mais le personnel n’est pas formé adéquatement, a-t-elle dit. Ce dossier-ci, c’est un coup de fouet à bien des égards pour le réseau de la santé, c’est un diagnostic sévère. » 

Les audiences devant la juge Hélène Di Salvo se poursuivent, au palais de justice de Montréal. Michel Cadotte devrait lui-même témoigner cet après-midi. Viendront ensuite les plaidoiries des avocats, qui suggéreront quelle peine la juge devrait imposer. Comme il s’agit d’un homicide involontaire, il n’y a pas de minimum ni de maximum. 

La décision ne sera toutefois pas rendue aujourd’hui, a toutefois précisé la magistrate. 

« Mon travail ne sera jamais aussi difficile que de rendre sentence dans ce dossier », a-t-elle dit tout en ajoutant que peu importe la sentence, elle ne pourra pas « changer le monde ». 

  

 

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