
Le passé des chefs occupe plus de place que les propositions de leur parti pour l'avenir depuis le début de la campagne électorale.
Photo : Radio-Canada / Philippe-Vincent Foisy
Quelle étrange campagne électorale, où l'on semble regarder davantage vers le passé que vers l'avenir.
Le ton était lancé avant même que la campagne ne soit officiellement déclenchée, quand les libéraux ont mis en ligne les vieilles déclarations d'Andrew Scheer datant de 2005 au sujet du mariage gai.
Son discours à la Chambre sorti des boules à mites a été suivi d'une déferlante d'anciennes déclarations embarrassantes de candidats conservateurs.
Puis ce fut aux libéraux d'y goûter, quand des photos datant de près de 20 ans présentaient Justin Trudeau – loin d'être sous son meilleur jour – déguisé en Aladin, avec le visage maquillé en brun. Puis, une vidéo de lui avec un « blackface » a resurgi.
Cette semaine, le retour dans le passé s'est poursuivi, quand le chef libéral a dû justifier le point de vue sur l'avortement qu'il avait exposé dans une entrevue à La Presse canadienne en 2011.
Andrew Scheer, lui, a eu à expliquer s’il s’est inscrit au service militaire sélectif comme l’exige la loi, alors qu'on apprenait qu'il était aussi citoyen américain, mais ne l'avait jamais révélé publiquement.
Quelle nouvelle tuile du passé des chefs leur tombera sur le nez dans les deux semaines de la campagne qui restent?
Bien entendu, le passé des chefs fait partie de leur bagage. Et les électeurs sont en droit de savoir à qui ils ont à faire. D’autant que les politiciens étalent souvent les éléments de leur histoire personnelle qui les avantage, afin de créer une connexion avec les électeurs.
Mais le temps consacré aux fouilles archéologiques dans le passé des chefs est-il attribuable au fait que les programmes politiques suscitent peu d'enthousiasme chez les électeurs?
En 2015, le Parti libéral, qui partait bon troisième, avait fait le pari d’être audacieux pour se faire remarquer : légalisation du cannabis, réforme du mode de scrutin, fin du dogme de l’équilibre budgétaire.
Cette fois au coude à coude, les meneurs ont fait preuve de moins d’audace dans leurs propositions aux électeurs. Même qu’il est parfois difficile pour eux de s’y retrouver dans leurs promesses, qui sont souvent très similaires.
À cela, il faut ajouter les journalistes, qui se laissent parfois emporter dans le tourbillon des attaques partisanes.
Chose certaine, les partis se délectent des scandales déterrés dans le passé de l’adversaire, et l’activité semble avoir gagné en popularité avec les années.
En l’absence d’un choc des idées, cette élection risque de devenir un référendum sur les chefs eux-mêmes plutôt que sur leur programme. Ce sera aux électeurs de décider à quel point leur passé doit peser dans la balance.
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