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Même si François Legault trouve inadmissibles et inquiétantes les fraudes de CV des firmes informatiques leur servant à obtenir des contrats publics, il refuse de déclencher une commission d’enquête publique.
« Je n’étais pas au courant des problèmes des CV et on est en train de regarder. Je trouve ça inquiétant », a affirmé le premier ministre lors du caucus de la CAQ à Gatineau. « Il faut sévir, c’est inacceptable. »
Notre Bureau d’enquête a révélé cette semaine que des firmes informatiques trafiquent couramment les curriculum vitae de leurs employés, afin de répondre aux critères d’appel d’offres et ainsi obtenir de lucratifs contrats du gouvernement.
Cette fraude s’ajoute au gaspillage de fonds publics et à tous les scandales qui ont éclaté dans le milieu des technologies de l’information (TI) au Québec depuis 10 ans ; un phénomène souvent qualifié de bordel informatique.
« Souvent, nos contrats dans les technologies de l’information sont des espèces de bars ouverts, a admis le PM. Les compagnies privées chargent des heures et il n’y a pas beaucoup de limites. »
Corruption ?
Alors qu’il était dans l’opposition, François Legault et ses collègues avaient demandé à de nombreuses reprises la tenue d’une commission d’enquête publique en informatique, prétextant que le problème était aussi aigu que dans le domaine de la construction.
Pas moins de six motions ont été déposées par la CAQ à ce sujet (voir ci-dessous).
Maintenant au pouvoir, M. Legault a changé d’idée. « Moi je suis un gars d’action. Une commission d’enquête, ça peut prendre un an ou deux ans. Moi, je suis plus pressé que ça, a-t-il soutenu. Il n’y a pas juste un problème peut-être de corruption, mais il y a un problème de gestion [...] Il faut resserrer. Vous l’avez vu dans notre cadre financier, on prévoit des économies en technologie de l’information. Il faut contrôler. »
Arguments libéraux
Selon François Legault, si la CAQ réclamait une commission d’enquête dans l’opposition, c’est parce que le gouvernement libéral « ne reconnaissait pas » qu’il y avait un problème.
« Nous, on reconnaît qu’il y a un problème. Je pense qu’on peut en régler un grand bout nous-mêmes », a-t-il dit.
Or, en 2015, le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, avait aussi soutenu qu’un problème existait, ce qui l’avait amené à promettre un « ménage » : « Laissez-moi vous dire que ce ne sera pas une petite séance d’époussetage. Ce sera le grand ménage du printemps. »
À l’époque, le « shérif » de la CAQ, Éric Caire, avait affirmé que Martin Coiteux faisait fausse route en refusant l’enquête publique.
« Martin Coiteux reconnaît qu’il y avait un problème, mais il a choisi encore la mauvaise solution », avait-il dénoncé.
Devenu ministre délégué à l’Informatique, Éric Caire a promis de faire le ménage et a refusé la tenue d’une commission d’enquête.
Ce que la caq disait sur une commission d’enquête publique
5 novembre 2014
« Je pense sérieusement que le problème est aussi grave en informatique qu’en construction. »
– François Legault
6 novembre 2014
La CAQ « demande au gouvernement de déclencher dans les plus brefs délais une commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie des technologies de l’information et des communications ».
– Première motion de la CAQ
27 janvier 2015
« Il y a de nouvelles révélations presque chaque semaine ; il y a quelques entreprises, toujours les mêmes, qui ont les contrats [...] Le gouvernement du Québec donne 3 G$ par année en contrats informatiques. »
– François Legault
9 février 2015
« Très, très, très important, il faut une commission d’enquête. Ça prend une commission d’enquête sur l’informatique au gouvernement du Québec. On l’a vu, on a les mêmes symptômes que ce qu’on retrouve au MTQ : des dépassements de coûts, des demandes de modification incessantes, des projets qui n’aboutissent pas, des projets qui ne sont pas applicables, toujours les mêmes firmes qui remportent les mandats. »
– Éric Caire
11 mars 2015
(Après l’arrestation par l’UPAC de six individus pour corruption à Revenu Québec) :
« Les exemples de fiascos se multiplient depuis quelques mois et cela nous permet de croire que les événements de ce matin ne sont que la pointe de l’iceberg. Nous retrouvons, de plus en plus, les mêmes stratagèmes que la commission Charbonneau a mis en lumière dans l’industrie de la construction et l’on ne peut plus se permettre d’attendre. »
– Éric Caire
Extrait du pacte de responsabilité de la CAQ sur son site internet :
« L’hypothèse de la présence de collusion et de corruption dans les technologies de l’information, à l’instar de l’industrie de la construction, est maintenant validée. Une commission d’enquête doit être lancée dans les meilleurs délais pour faire toute la lumière. »
– François Legault
https://www.journaldequebec.com/2019/01/31/non-a-une-commission-denquete
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