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La CAQ, l'affaire SNC-Lavalin et l'élection fédérale - ICI.Radio-Canada.ca

Gros plan du premier ministre du Québec en compagnie de son attachée de presse.
Le premier ministre du Québec, François Legault, avait formulé de nombreuses demandes à Ottawa après son élection. Photo: La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Michel C. Auger

Il n'y a pas si longtemps, le premier ministre québécois François Legault envisageait avec plaisir la perspective d'une élection fédérale en octobre prochain. Sûr que son « mandat fort » lui donnait une force politique considérable vis-à-vis d'Ottawa, il s'est mis à constituer sa liste de demandes.

Elle comprenait un rapport d’impôt unique, des changements au système d’immigration, la compensation des producteurs laitiers affectés par les accords de libre-échange, un remboursement pour les frais encourus pour les migrants en situation irrégulière et, plus récemment, des garanties pour SNC-Lavalin.

Mais les événements des dernières semaines auront fait en sorte de limiter considérablement la marge de manoeuvre des caquistes face aux partis fédéraux. En fait, l’affaire SNC-Lavalin/Jody Wilson-Raybould – qui est loin d’être terminée, soit dit en passant – est en train de pousser M. Legault, qu’il le veuille ou non, dans les bras des libéraux de Justin Trudeau.

Il fut un temps qui n’est pas si lointain où M. Legault pouvait penser qu’il pourrait imposer sa liste de demandes à qui voulait former le prochain gouvernement fédéral. Les événements des dernières semaines sont venus lui prouver le contraire.

Une grogne contre le Québec

D’abord, il faut convenir qu’il y a une grogne contre le Québec, surtout dans l’ouest du pays, et que les déclarations de M. Legault n’ont rien fait pour la calmer. Cette grogne tourne essentiellement autour de la question d’un prix sur le carbone et de la capacité des provinces productrices de pétrole d’exporter leur production.

Malheureusement pour M. Legault, un peu partout dans l’Ouest, on dénonce le refus du Québec de laisser passer le pipeline Énergie Est sur son territoire, un geste qui est vu comme égoïste de la part du Québec.

Quand le premier ministre François Legault a parlé de « pétrole sale  » et d’un projet qui n’a « pas d’acceptabilité sociale », il a fait en sorte que toute cette question allait devenir un enjeu électoral. Qu’il le veuille ou non, un enjeu qui se débattra essentiellement sur le dos du Québec.

D’autant plus prévisible que les conservateurs étaient déjà déterminés à relancer le dossier d’Énergie Est pendant la campagne électorale. Cela aurait dû sonner des cloches au gouvernement caquiste. Était-il vraiment possible de troquer le rapport d’impôt unique contre Énergie Est et son « pétrole sale »? M. Legault avait déjà donné la réponse.

Les positions de François Legault dénoncées ailleurs au Canada

Arrive l’affaire SNC-Lavalin/Jody Wilson-Raybould qui fait en sorte que la simple mention des mots SNC-Lavalin est en train de devenir le symbole de toutes sortes de frustrations au Canada anglais. En fait, elle est devenue comme une sorte de révélateur des frustrations.

En se drapant dans la règle de droit, tant le Parti conservateur que le Nouveau Parti démocratique essaient d’utiliser la situation pour faire la preuve du parti pris qu’aurait le gouvernement Trudeau pour le Québec. Mais pourquoi le gouvernement Legault s’en plaindrait-il?

Personne n’ignore que les 78 sièges du Québec pourraient bien déterminer le résultat de la prochaine élection. « Vote-rich Quebec », comme on le dit de plus en plus souvent dans les médias anglophones... Mais les électeurs québécois ne vont quand même pas voter contre leurs propres intérêts.

D’autant que toutes sortes de frustrations commencent à s’exprimer contre le Québec en cette année électorale. En Alberta, par exemple, le chef conservateur, Jason Kenny, qui a toutes les chances de devenir premier ministre dans quelques semaines, jongle avec l’idée d’un référendum pour dénoncer la péréquation.

Cela est vu comme une façon de protester contre l’imposition d’une taxe sur le carbone par le gouvernement Trudeau, mais un débat sur la péréquation va nécessairement se faire sur le dos du Québec, le principal bénéficiaire du programme.

Le premier ministre conservateur du Manitoba, Brian Pallister, a déjà accusé M. Legault d’avoir adopté des positions qui vont « à l’encontre des intérêts du Canada ».

Moins de cartes dans son jeu

Pour M. Legault, donc, la voie d’un appui, même discret, aux conservateurs, n’est plus vraiment possible. Ce serait contraire à ses propres positions et, sans doute, à celles de ses électeurs.

Par ailleurs, force est de constater que même si le NPD est en chute libre dans les appuis populaires, une large part de ses 25 % des voix de 2015 qui sont maintenant des électrons libres n’iront pas rejoindre facilement les conservateurs.

Ce qui laisse M. Legault avec bien moins de cartes dans son jeu. Même s’il n’a jamais eu l’intention d’envoyer un mot d’ordre formel aux électeurs de la CAQ, les intérêts du Québec, comme la CAQ les comprend, ne lui laisseront vraiment pas beaucoup d’options pour essayer de monnayer son « mandat fort » en octobre prochain.

Comme quoi, le pouvoir politique est bien éphémère. Et le « mandat fort » que la CAQ croyait avoir il y a quelques semaines à peine s’est vite évaporé avec une conjoncture politique changeante.

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