Affaire SNC-Lavalin: «Je dois dire que je suis troublé» - André Pratte - Le Journal de Montréal

Le sénateur et ancien éditorialiste en chef de La Presse André Pratte a admis que le témoignage de l’ancienne procureure générale du Canada Jody Wilson-Raybould était «très crédible» et qu’il l’a «troublé».

«Elle a certainement rendu un témoignage très crédible et elle l’a livré avec beaucoup d’aplomb, donc ça doit peser lourd dans notre évaluation», a mentionné M. Pratte en entrevue avec Benoit Dutrizac, à QUB radio .

L’ancienne procureure générale et ex-ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, a témoigné mercredi à propos de l’affaire SNC-Lavalin. Le fleuron québécois est accusé de fraude et de complot. En tant que procureure générale, M^me Wilson-Raybould aurait pu conclure un accord de réparation avec la compagnie, lui évitant un procès criminel.

Durant son processus décisionnel, M^me Wilson-Raybould aurait subi des pressions politiques par le bureau de Justin Trudeau. L’élue de Vancouver a qualifié ces pressions d’ingérence politique «extrêmement inappropriée». Ces menaces ont été accompagnées de «menaces voilées», a-t-elle ajouté.

«À partir du moment où la procureure générale de l’époque a dit au premier ministre et à son entourage : “écoutez, ce que vous faites, je considère que c’est une ingérence, une interférence dans mon indépendance de procureure générale”, les pressions auraient dû à ce moment-là arrêter», a commenté André Pratte.

L’ancien éditorialiste de La Presse croit toutefois que la réaction du chef conservateur Andrew Scheer qui réclame la tête de Justin Trudeau est peut-être exagérée. «Même M^me Wilson Raybould a dit qu’il ne s’était rien passé d’illégal, alors [...] demander la démission du premier ministre à quelques mois des élections, de toute façon, j’ai des doutes», a-t-il mentionné.

M. Pratte a ajouté que le Sénat songe également à enquêter. «On a l’impression que les comités à la Chambre des communes, en particulier, ils ne cherchent pas à avoir la vérité, ils cherchent à marquer des points sur l’autre parti, a-t-il regretté. Donc si [le comité] décide de ne pas entendre certains témoins importants, il se pourrait très bien qu’on reprenne la balle au bond et qu’on décide de poursuivre l’enquête un peu plus loin.»