Fermeture de routes, visibilité réduite à nulle, traversiers paralysés, nombreux vols annulés : la tempête hivernale frappe fort dans la région de Québec, dimanche.
Le pont de l’Île-d’Orléans a dû être fermé «pour une durée indéterminée» en milieu d’après-midi après qu’une déneigeuse soit entrée en collision avec un véhicule. L’accident n’a fait aucun blessé, mais entrave les deux voies.
Par ailleurs, les conditions météorologiques extrêmes ont forcé la fermeture de l’autoroute 20 dans les deux directions dès 10 h sur un premier tronçon d’une cinquantaine de kilomètres à l’est de Lévis.
Puis, en début d’après-midi, Transports Québec a annoncé qu’il interrompait la circulation sur près de 140 kilomètres en direction est (entre Lévis et Saint-Pascal) et sur près de 180 kilomètres en direction ouest (entre Rivière-du-Loup et Lévis).
Fait rarissime, l’autoroute 85 qui permet de relier le Bas-Saint-Laurent au Nouveau-Brunswick a même été fermée en direction nord.
De nombreuses routes de Chaudière-Appalaches sont impraticables et ont aussi été fermées à la circulation, notamment un long tronçon de la route 132 et plusieurs segments de routes secondaires menant à la Beauce et la région de Bellechasse (citons la route 173, la route 279 ou encore la route 281).
« Tempête majeure »
À Québec aussi, les conditions sont très périlleuses, a constaté Le Journal. La chaussée est enneigée sur la majorité du réseau routier, il y a présence de lames de neige et la visibilité est nulle par endroit.
« C’est très très compliqué. La circulation est très difficile. Heureusement, j’ai des pneus d’hiver, mais ça ne suffit pas. On fait avec. Je m’en vais justement chercher un client », a dit un chauffeur Uber.
Même les autobus du Réseau de transport de la Capitale (RTC) ont sévèrement goûté aux caprices de Dame nature. Sur l’avenue Honoré-Mercier, par exemple, les autobus ont eu peine à gravir la côte et un autobus articulé s’est même replié en partie après avoir effectué un dérapage, bloquant toutes les voies en direction nord pendant de longues minutes.
Un autre chauffeur d’autobus à proximité faisait son possible pour desservir la clientèle en temps.
« On y va à une vitesse qui est sécuritaire. Je fais du 30 km/h. Comme j’ai moins de monde, à date, je suis dans mon horaire », a-t-il indiqué.
Chose « inhabituelle » selon Transports Québec, l’autoroute Dufferin-Montmorency a été fermée dans les deux directions près du centre-ville de Québec.
« Je vous dirais que ça arrive peut-être une fois par hiver et généralement, c’est à cause d’un accident, mais en ce moment, c’est en raison de la visibilité qui est nulle. On ne voit absolument rien » rapporte le porte-parole du ministère des Transports (MTQ) Marc-André Pelchat.
L’ampleur des fermetures de routes lui fait dire que « c’est une tempête majeure ».
« Pour une tempête comme ça, c’est tout à fait pertinent de reporter ou d’annuler tout déplacement non essentiel. Ce sont des conditions parmi les plus difficiles qu’on peut rencontrer sur la chaussée », met-il en garde.
Rafales à 90 km/h
Selon Environnement Canada, la dépression qui a fait son entrée en fin de nuit sur le territoire devrait laisser entre 15 et 25 centimètres de neige dans la région de la Capitale-Nationale.
La Beauce devait recevoir au moins une trentaine de centimètres. En Gaspésie, jusqu’à 60 centimètres sont attendus.
Les effets de la tempête sont décuplés par la présence de forts vents qui soufflent à 50 km/h avec des rafales à 80 à Québec. Des rafales à 90 km/h ont même été enregistrées à l’île d’Orléans.
Et le froid complique encore les choses. L’efficacité des fondants habituellement employés par le MTQ est « fortement réduite, voire nulle, en raison du froid intense ». Les autorités doivent se rabattre sur des abrasifs comme le sable ou de la pierre concassée.
« C'est vrai que c'est glissant. C'est une patinoire. Il faut être prudent. Il n'y a pas trop de trafic alors ça va bien », observe Hélène Gauthier, une chauffeuse de taxi rencontrée par Le Journal dimanche.
Plusieurs accidents
Les corps de police ont répondu à de multiples appels pour des sorties de route et des collisions. Jusqu’à présent, on ne rapporte heureusement pas de blessé grave.
Un carambolage impliquant sept véhicules a notamment forcé la fermeture de l’autoroute Laurentienne pendant plus d’une heure en direction nord à l’entrée du centre-ville de Québec.
Deux collisions se sont aussi produites sur l’autoroute Henri-IV en direction sud dans le secteur de la route Sainte-Geneviève et de l’avenue Industrielle. Un véhicule se serait retrouvé dans un fossé et une deuxième dans le terre-plein central. Une congestion s’est installée dans ce secteur. Il n’y aurait pas de blessé important.
Dans Bellechasse, à Saint-Gervais, plusieurs véhicules se sont percutés sur la route 279. Deux ambulances ont été demandées, mais il n’y a pas eu de blessé grave.
Services paralysés
Le système météorologique paralyse plusieurs services dans la région. C’est le cas de la traverse Québec-Lévis qui est complètement à l’arrêt depuis tôt dimanche matin.
«Il y a des rafales au-dessus de 30 noeuds [sur le fleuve] et des conditions de glace très difficiles. La marée fait en sorte que les glaces restent à la traverse ce qui rend très difficiles les manoeuvres d’approche», explique Alexandre Lavoie, porte-parole de la Société des traversiers.
À l’aéroport de Québec, la majorité des vols sont annulés. Des voyageurs qui devaient se rendre dans les Maritimes, Montréal et Toronto, par exemple, ont dû patienter.
Selon Laurianne Lapierre, porte-parole de l’administration aéroportuaire, les opérations sont maintenues et la neige n’empêche ni les envolées ni les atterrissages. Toutefois, plusieurs avions ne peuvent se rendre à destination, car les autres aéroports connaissent des problèmes.
« On invite les gens à vérifier le statut de leur vol avant de s’en aller à l’aéroport. Effectivement, il y a des retards et des annulations qui sont hors de notre contrôle en raison de la météo dans les autres aéroports », affirme-t-elle.
Hors du commun
Pour le météorologue Alexandre Parent, d’Environnement Canada, la tempête de neige qui s’abat sur le nord-est des États-Unis, le Québec et l’Est ontarien a des caractéristiques historiques.
« Ce qui est marquant, c’est le synchronisme entre la vague de froid qui est arrivée hier [samedi] et cette tempête de neige là qui arrive seulement quelques heures ensuite », dit-il.
Habituellement, les dépressions hivernales chassent le froid extrême et les températures sont plus saisonnières en période de tempête, de l’ordre de -5 à -10°C. Mais pas cette fois.
« Du froid [ou] une tempête en janvier, il n’y a rien d’exceptionnel, mais d’avoir les deux, coup sur coup, dans le même weekend, ça, vraiment, c’est un peu hors de l’ordinaire », explique-t-il.
En après-midi, le mercure affichait -17°C à Québec, soit une dizaine de degrés sous la normale de saison. Avec le vent, c’est comme s’il faisait -30.
« J’ai une vingtaine d’années d’expérience. De mémoire, je ne me souviens pas d’une vague de froid et d’une tempête [comme celle-là] qui arrivent pratiquement de façon simultanée », témoigne M. Parent.
Des circonstances similaires s’étaient présentées en 1920 à Montréal. Une tempête avait laissé une trentaine de centimètres alors que le thermomètre n’a pas monté au-dessus de -19°C.
Cependant, M. Parent n’était pas prêt à dire que la présente dépression est « du jamais-vu » depuis 1920 comme l’ont rapporté certains médias.
« Je ne dirais pas que c’est un record, mais ça montre qu’il y a un caractère un peu inhabituel à cette tempête-là », indique-t-il.
Avec Arnaud Koenig-Soutière
https://www.journaldequebec.com/2019/01/19/une-tempete-et-encore-du-froidBagikan Berita Ini
0 Response to "Tempête hivernale : le pont de l'Île-d'Orléans et une partie de l'autoroute 20 fermés - Le Journal de Québec"
Post a Comment