Le référendum souhaité par le Bureau national du Bloc québécois se tiendrait en juin parmi ceux qui étaient membres du parti en date du 24 mars, a indiqué lundi la chef, Martine Ouellet. La proposition de sortie de crise ne convainc toutefois pas les dissidents.
Si les délégués du conseil général approuvent la démarche le 29 avril prochain, deux questions seront donc soumises aux membres les 1er et 2 juin.
La première porte sur l’interprétation de l’article 1 du programme du Bloc québécois. La question, qui fait 60 mots, demande si le Bloc doit être « dans ses actions quotidiennes, et non pas seulement en théorie, le promoteur de l’option indépendantiste en utilisant chaque tribune » possible.
La deuxième est plus directe : « Acceptez-vous de renouveler votre confiance envers Martine Ouellet, chef du Bloc québécois ? »
Mme Ouellet a réitéré qu’un résultat de 50 % + 1 serait à son avis suffisant pour remporter le vote de confiance. « À 50 % +1, si on peut créer un nouveau pays, on peut certainement élire un chef », a-t-elle soutenu en conférence de presse à Montréal.
Selon l’ancien chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, le référendum risque de ne rien régler à la situation actuelle. « Je pense que, tant que Mme Ouellet sera là, il y aura une crise », a-t-il dit en entretien.
Deux questions
Question alambiquée
« La première question est alambiquée », dit M. Duceppe — une critique entendue sur plusieurs tribunes lundi.
L’ancien chef juge « ridicule » l’opposition que la question sous-tend entre défense des intérêts du Québec et promotion de l’indépendance. Le programme du Bloc dit d’ailleurs à l’article 1.2 que le parti « utilise chaque tribune pour démontrer la nécessité de l’indépendance du Québec ». Mais il souligne aussi à l’article 9.1 que « le Bloc Québécois défend les valeurs et les intérêts du Québec »…
Les présidents de circonscriptions qui avaient réclamé le départ de Martine Ouellet ou un vote de confiance rapide à son endroit se sont aussi dits déçus de l’annonce. Le reproche est le même : une « question tendancieuse », déplorait notamment Yvon Lévesque, ex-député et président de l’association d’Abitibi-Baie James-Nunavik-Eeyou. « Les gens vont dire qu’ils sont d’accord, prédit M. Lévesque. C’est sûr que tout le monde travaille pour la souveraineté du Québec. »
Yves Perron, de Berthier-Maskinongé, croit ainsi que des militants vont tenter de modifier la question lors du conseil général du 29 avril.
Le seuil de 50 % + 1 jugé acceptable par Mme Ouellet pour gagner le vote de confiance semble faire l’unanimité contre elle. « C’est un mépris pour tous ceux qui ont à coeur l’avenir du parti, parce que ça prend quelqu’un qui va être capable de rebâtir les ponts », fait valoir André Parizeau, président de l’association d’Ahuntsic.
« À 50 %, le parti est mort. Il perd 50 % de son membership », pense Yvon Lévesque. Gilles Duceppe fait la même lecture. En six votes de confiance au fil des ans, M. Duceppe n’a jamais eu moins de 84 %.
Qui sera le Non ?
Pour l’heure, la manière dont se déroulera la campagne référendaire n’est pas claire. Le Bureau national n’organisera pas de débat permettant de débattre des subtilités de la première question. Ce sera aux associations de circonscription de prévoir des activités si elles le désirent.
La chef a précisé que le « Bureau national est clairement sur l’option du Oui » par rapport à la première question. Martine Ouellet estime que ceux qui voudront voter « Non » à cette question sont « ceux qui ne veulent pas que [le Bloc parle d’indépendance] dans ses actions quotidiennes, avec les médias, au Parlement, donc sur chaque tribune et chaque occasion ».
« C’est ce qui a été remis en cause » par les députés démissionnaires, croit Mme Ouellet. « Ils ont exprimé un profond désaccord sur la mission du Bloc qui est inscrite à l’article 1. Pour nous, ce n’est pas incompatible de faire la défense des intérêts du Québec et la promotion de l’indépendance. » Elle juge que les démissionnaires, eux, oublient de parler d’indépendance dès qu’ils parlent aux médias ou qu’ils sont à Ottawa.
Signe des divisions qui grugent le parti, Martine Ouellet n’était entourée lundi matin que de deux députés (Marilène Gill et Xavier Barsalou-Duval) et de deux membres du Bureau national. Le président, Mario Beaulieu, était absent.
Ce dernier a indiqué qu’il « ne désirait pas être là » et a fait valoir qu’il désire demeurer neutre dans le débat.
Avec Hélène Buzetti
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