Ce qu'il faut retenir du débat des chefs - ICI.Radio-Canada.ca

DÉBAT DES CHEFS

Par Naël Shiab Cliquez pour obtenir les coordonnées du journaliste.

11 octobre 2019

Une déferlante d’attaques contre Justin Trudeau. Un affrontement entre Andrew Scheer et Yves-François Blanchet. Et alors que Jagmeet Singh et Maxime Bernier tiraient leur épingle du jeu, Elizabeth May avait de la difficulté à s’exprimer clairement.

Justin Trudeau, premier ministre sortant et chef du Parti libéral, à gauche. Andrew Scheer, chef du Parti conservateur, à droite. PC/Adrian Wyld

Si la formule, avec des questions du public, des questions de journalistes et des débats par groupes de trois, a permis des échanges le plus souvent disciplinés, les chefs ont malgré tout utilisé une grande partie de leur temps de parole à s'attaquer les uns les autres. En moyenne, ces derniers ont lancé une attaque directe contre un adversaire toutes les 55 secondes.

De gauche à droite : Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique, Elizabeth May, chef du Parti vert, et Maxime Bernier, chef du Parti populaire. PC/Chris Wattie

Bien que le débat abordait différents thèmes, plusieurs chefs se sont démarqués en parlant davantage de certains sujets qui leur tenaient à coeur ou qui avaient le plus de chances de les aider à séduire les électeurs.

Parmi les moments forts du débat : l'attaque frontale d'Andrew Scheer contre Yves-François Blanchet lors de la thématique sur l'immigration. Dans les sondages, les conservateurs perdent du terrain au Québec au profit du Bloc québécois.

L'échange a été si intense que l'animateur Patrice Roy a menacé de couper les micros. À d'autres reprises, Andrew Scheer a tenté de déstabiliser le chef du Bloc en insinuant qu’il souhaitait raviver le mouvement souverainiste au Québec.

Tout au long de la soirée, Justin Trudeau et Andrew Scheer se sont inlassablement attaqués. D’un côté, le premier ministre libéral sortant comparait le plan d’Andrew Scheer à celui de l’ancien premier ministre Stephen Harper et au premier ministre conservateur de l'Ontario Doug Ford, rappelant les coupes budgétaires qu’ils ont imposées.

De l'autre, Andrew Scheer a traité Justin Trudeau de « menteur compulsif », en faisant référence entre autres au scandale de SNC-Lavalin, avec son cadre financier gribouillé sur une « napkin au coin d'une table ».

Jagmeet Singh, bien que le français soit sa troisième langue, semblait à l’aise sur le plateau, se permettant même des notes d’humour par moment. Sa cible était claire pour ce débat : Justin Trudeau.

Dérogeant aux thèmes imposés à plusieurs reprises, il a attaqué le chef libéral en disant que les « petits amis du premier ministre » sont les grandes compagnies.

Pour Maxime Bernier, chef du Parti populaire, être sur le plateau était déjà une victoire en soi. Dans sa première décision, le consortium des médias ne l’avait pas invité. Ce dernier a demandé une réévaluation, qui a finalement mené à sa présence au débat.

Maxime Bernier a joué la carte de l’honnêteté en soulignant, notamment, qu’il sabrerait dans les budgets pour atteindre le déficit zéro en deux ans. Il en profité pour dénoncer l'« hypocrisie » des autres chefs, qui prévoient réduire les déficits en cinq ans, alors que le mandat de premier ministre est de quatre.

Elizabeth May, chef du Parti vert, est celle qui avait le plus de difficulté à exprimer ses idées dans ce débat en français. Appelant par moment ses adversaires à « ne pas se chicaner », elle a réitéré les positions environnementales de son parti.

Dans un débat marqué par un ton parfois acrimonieux, l’intervention de Lise Pigeon, résidente de Montréal atteinte de sclérose en plaques, a été un moment de rare communion. Tous les chefs ont salué son courage et se sont engagés à faire élargir l’accès au droit de mourir dans la dignité.

Méthodologie

Nous avons écouté le débat pour identifier les interventions des chefs, les thèmes et les sujets qu'ils abordaient.

Pour les attaques, il fallait qu'un des chefs attaque clairement un autre chef sur un point précis pour que ce soit comptabilisé. Même chose pour les appuis.

Naël Shiab journaliste de données, Melanie Julien chef de pupitre, Francis Lamontagne designer, Danielle Jazzar réviseure. Avec la collaboration d'Éric Larouche, Martine Roy, Mélanie Meloche-Holubowski et Laurianne Croteau.

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