Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh
Photo : Avanti Groupe
Les chefs du Nouveau Parti démocratique et du Bloc québécois ont tour à tour tenté de séduire l’électorat francophone lors de leur passage au populaire talk-show Tout le monde en parle, devenu un passage presque obligé pour les politiciens en campagne électorale.
Malgré ses convictions religieuses profondes et très visibles, le chef du NPD, Jagmeet Singh, a plaidé qu'il partage les valeurs des Québécois. Il a aussi répété qu’il compte imposer davantage les super-riches
et étendre le programme d'assurance médicaments.
L'animateur Guy A. Lepage a présenté le chef néo-démocrate, un sikh pratiquant coiffé d'un turban, comme le premier homme racisé
du pays à diriger un parti politique fédéral. M. Lepage a déclaré que beaucoup de Québécois et de Canadiens s'opposent à ce qu'un politicien porte un signe religieux.
Je partage les mêmes valeurs, a répondu M. Singh au sujet des Québécois. Je suis pour l'avortement, pour le droit des femmes, pour le mariage [de conjoints] de même sexe.
Il s'est également assuré de faire un clin d'oeil à la culture québécoise. Je suis tombé en amour avec la langue française quand j'avais 11 ou 12 ans
, a-t-il mentionné.
Guy A. Lepage est revenu à la charge avec une autre question sur la religion, demandant au chef du NPD si, advenant qu'il devienne premier ministre, il contesterait devant les tribunaux la controversée loi 21 sur la laïcité qui interdit à certains employés du secteur public, comme les enseignants, de porter des signes religieux au travail.
La loi sur la laïcité du gouvernement nationaliste de François Legault jouit d'un large appui parmi les francophones de la province. M. Legault a déclaré que la loi reflétait la volonté de la majorité francophone et a demandé à tous les chefs fédéraux de ne pas la contester devant les tribunaux.
M. Singh a réitéré qu'il « reconnaît la compétence du Québec » dans ce dossier, sans cacher pour autant qu'il est personnellement contre les lois qui divisent la population
.
Blanchet confronté à son passé de ministre péquiste
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a plutôt fait valoir que le programme de son parti était le plus vert et le plus écologique de tous les partis fédéraux
, et qu’il voyait son arrivée à la tête du Bloc québécois comme l'occasion d'accrocher l'environnement à l'idée d'indépendance
.
Selon lui, la production d'énergie propre au Québec, ainsi que la diversification des centres de recherches peuvent permettre de créer un modèle de création de richesse appuyé sur les technologies environnementales
, plutôt que de faire de l'écologie punitive
.
On a l'obligation de le faire pour servir de modèle au reste du monde, mais on ne le fera pas si on utilise notre argent pour appuyer un oléoduc dans l'Ouest qui ne servira en rien les Québécois
, a-t-il indiqué sur le plateau de Guy A. Lepage.
M. Blanchet a dû expliquer certaines décisions qu'il a prises à l'époque où il était ministre de l'Environnement au sein du gouvernement de Pauline Marois.
Il avait notamment donné son feu vert à l'inversion du pipeline 9B d’Enbridge et aussi accepté la construction de la cimenterie McInnis, le plus grand émetteur industriel de gaz à effet de serre (GES) au Québec.
La ligne 9B approvisionne deux raffineries en pétrole léger qui ne provient pas des sables bitumineux
, a expliqué le chef du Bloc, ajoutant que le projet permet aussi au Québec de s'approvisionner en énergie sans avoir recours au pétrole de l'Arabie Saoudite
.
Cette décision, l'inversion du flux de l'oléoduc Enbridge 9B, fait en sorte que tout autre projet de transport pétrolier à travers le Québec ne peut avoir comme vocation que l'exportation à des fins commerciales
selon le chef du Bloc qui s'oppose à ce qu'Ottawa impose la construction d'oléoducs sur le sol québécois.
Pour ce qui est de l'autorisation de la construction de la cimenterie McInnis en Gaspésie, le projet industriel le plus polluant du Québec, le chef du Bloc s'est défendu en disant que sa version du projet devait inclure l'utilisation de biomasse forestière résiduelle et locale, ce qui l'aurait rendu moins polluant.
Les libéraux sont arrivés au pouvoir et ont laissé tomber
, a expliqué Yves-François Blanchet, en parlant de la biomasse forestière résiduelle et locale.
M. Blanchet a aussi profité de sa tribune à Tout le monde en parle pour discuter de sa proposition de transformer la péréquation en une bourse d'excellence
pour les provinces peu polluantes.
Sa proposition consiste à taxer sévèrement les émissions de gaz à effet de serre dans les provinces qui polluent plus que la moyenne nationale, comme l'Alberta et la Saskatchewan, puis à verser le fruit de cette taxe aux provinces ayant une meilleure performance environnementale, comme le Québec.
Ces dernières seraient par ailleurs exemptées de la taxe carbone.
Ces nouveaux transferts viendraient pratiquement remplacer l'actuel système de péréquation, qui provient de l'impôt sur le revenu et que le chef bloquiste désigne comme un chèque d'assistance
.
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