Le ministre Eric Girard estime que la gestion du vol de données par Desjardins est « adéquate ».
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, prévoit déposer un projet de loi pour encadrer les agences de crédit, dans la foulée de la fraude massive de renseignements personnels chez Desjardins. Le projet de loi permettrait aux Québécois d'apposer un « verrou » sur leur dossier de crédit.
En mêlée de presse à l'extérieur de l'Assemblée nationale, lors de la première réunion des ministres du gouvernement Legault après la relâche estivale, M. Girard a rappelé que le Québec était « la seule province canadienne à ne pas disposer d'une législation encadrant spécifiquement les agences de crédit ».
Si le projet de loi est adopté, il permettrait à un individu de restreindre au maximum les demandes de vérification de crédit, coupant ainsi l'herbe sous le pied à de potentiels fraudeurs qui ont mis la main sur ses données.
Ainsi, lorsqu'une personne serait victime d'un vol d'identité, elle pourrait « verrouiller » son dossier de crédit de façon à ce que personne ne puisse le consulter, sauf si elle donne son consentement.
Je suis pleinement conscient des insatisfactions et des craintes des citoyens, qui sont légitimes.
Pour le ministre, d'ailleurs, la gestion de la fuite de données personnelles résultant des manipulations malveillantes d'un employé de Desjardins, congédié depuis, « est adéquate », alors que l'institution financière collabore avec l'Autorité des marchés financiers (AMF), qui relève du ministère des Finances.
« Il y a du travail pour la prévention, avec Equifax, ainsi qu'en ce qui concerne l'assurance [contre la fraude et le vol d'identité], et les brèches informatiques ont été colmatées », a assuré le ministre.
Dans un communiqué publié peu de temps après sa mêlée de presse, M. Girard a reconnu que les Québécois « attendent des améliorations de la part du gouvernement » en ce qui concerne la protection des informations personnelles.
Pas de multiplication des cas de fraude
Toujours au dire du ministre, « à ce stade-ci, nous n'observons pas de hausse de fraudes chez Desjardins, que ce soit pour les cartes de crédit, de débit ou encore les transactions ».
Et si M. Girard se dit conscient du volume de données volées – environ 2,9 millions de comptes ont été touchés par cette fuite, dont 2,7 millions de particuliers et quelque 200 000 entreprises, et des informations telles que des coordonnées et des numéros d'assurance sociale ont été dérobées –, « nous ne savons pas combien de données ont été vendues ».
« Des spécialistes de l'informatique ne voient pas, à ce stade-ci, les données sur le dark web », a encore indiqué le ministre des Finances, en faisant référence aux zones interlopes d'Internet où des données personnelles, des informations volées et d'autres biens numériques illicites peuvent être cédés au plus offrant.
Lundi, le président de Desjardins, Guy Cormier, a réaffirmé que la protection offerte par la coopérative est « très complète », et que les clients de l'institution financière étaient « déjà satisfaits » des solutions proposées.
Pour l'instant, seuls 27 % des membres se sont prévalus de la protection offerte chez Equifax depuis l'éclatement de l'affaire.
« Desjardins garantit les actifs; il s'agit d'une institution extrêmement solide », a soutenu le ministre Girard, qui décrit l'entreprise comme ayant une « importance systémique » pour l'économie québécoise.
Deux mois après les faits, M. Girard juge que l'heure est au « post-mortem » et à la recherche de « solutions à plus long terme ».
Equifax « entre deux chaises »
De son côté, le premier ministre François Legault juge que ce vol de données et les enjeux qui l'entourent sont « préoccupants », mais estime néanmoins que « Desjardins a bien fait son travail ».
D'après le chef du gouvernement, le projet de loi proposé par son responsable des Finances servira surtout à « mieux gérer les agences d'évaluation de crédit », alors que « les compagnies comme Equifax sont un peu entre deux chaises » en ce qui a trait à la réglementation en vigueur.
« Il faut protéger les données des Québécois », a soutenu M. Legault, avant d'évoquer le vol chez Desjardins, mais aussi la fuite survenue chez Revenu Québec.
Le premier ministre s'est par ailleurs montré ouvert à l'idée d'une commission parlementaire où seraient conviées les grandes institutions financières, une idée mise en avant par l'opposition.
Quant au projet de loi de M. Girard, M. Legault espère qu'il sera adopté « rapidement, idéalement », après son dépôt à l'automne. Il s'attend d'ailleurs à jouir de la collaboration des partis d'opposition en ce sens.
Carlos Leitao, porte-parole du PLQ en matière de finances, estime pour sa part que le gouvernement a perdu du temps. « Je trouve un peu dommage qu’on ait gaspillé deux mois […]. On aurait dû commencer plus tôt que ça », a-t-il dit.
Pour Vincent Marissal, de Québec solidaire, l’initiative est positive, mais il déplore le fait que ce soit au citoyen d'agir. « Ça rajoute un certain degré de protection, c’est vrai, mais ça rajoute aussi une obligation, parce qu’encore une fois, c’est le citoyen qui doit faire les démarches », a-t-il expliqué.
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