
Deux documents internes du Parti québécois font état d’une campagne électorale dysfonctionnelle qui a mené la vice-cheffe Véronique Hivon à réclamer des excuses de la part de Jean-François Lisée après le Face-à-Face de TVA.
Tant le «Rapport préliminaire de l’élection 2018» – produit par les instances exécutives du parti – que celui rédigé par la co-directrice stratégie de campagne, France Amyot, font état d’une lutte de pouvoir entre le chef péquiste et le directeur général du parti, Alain Lupien. Ce dernier a d’ailleurs récemment quitté ses fonctions.
Selon ces documents, obtenus par TVA Nouvelles, messieurs Lisée et Lupien ne s’entendaient pas à savoir qui décidait des orientations de la campagne : le chef ou le comité de direction (CODIR), auquel il ne siégeait pas.
«Tout était décidé par le chef lui-même sans échange avec le reste de l’équipe», affirme le premier document, daté du 12 octobre 2018. «Le comité stratégique a le sentiment d’avoir été complètement mis de côté par le chef un coup la campagne démarrée», poursuit le rapport.
De son côté, France Amyot, bras droit du chef péquiste dans l’autobus, reconnaît que Jean-François Lisée souhaitait être impliqué dans tous les aspects de la campagne, mais affirme que l’exécutif doit respecter «la légitimité du chef, élu démocratiquement, et s’adapter à son style dans la chaîne décisionnelle».
«Le DG a exprimé des profondes réserves sur ce mode de direction indiquant que le chef ne pourrait pas se permettre d’apporter trop souvent des modifications», souligne-t-elle dans son rapport daté du 21 octobre 2018.
Face-à-Face de TVA
Les tensions ont culminé après le Face-à-Face de TVA, où le chef péquiste a attaqué Manon Massé en lui demandant qui est le véritable chef de Québec solidaire.
Le rapport de l’exécutif du parti qualifie la stratégie de M. Lisée de «néfaste». «Après le deuxième débat, nous assistons à une descente accélérée», lit-on.
Dans son rapport, France Amyot confirme que Jean-François Lisée «a choisi d’agir seul», sans en aviser l’exécutif. «Le lendemain du débat, j’ai rencontré les membres du CODIR [NDLR : Comité de direction] en personne. La réaction était l’incompréhension, la frustration et dans certains cas, a conduit à une démotivation complète de certains jusqu’à la fin de la campagne», écrit-elle
«Certains au CODIR et la vice-cheffe considéraient que le chef devait s’excuser d’avoir agi de la sorte, et qu’on passe à autre chose dès le lendemain, poursuit France Amyot au sujet de la vice-cheffe Véronique Hivon. Le chef et moi estimions qu’une excuse n’était pas une avenue possible et que cela aurait donné un avantage considérable à QS. L’abcès était crevé, il fallait assumer.»
Campagne souterraine
À partir de ce moment, l’autobus du chef a poursuivi la stratégie contre Québec solidaire «en souterrain», écrit France Amyot. «La sortie sur la volonté de QS de contrôler l’épargne des CELI fut relayée à la Fédération des contribuables par l’autobus via un conseiller externe, aussi membre du CODIR, écrit-elle. Repris ensuite par les journalistes, cet élément fut important dans la chute de QS, repris par Michel Girard, Pierre-Yves McSween, Radio-Canada, Paul Arcand, etc.»
Lorsque Manon Massé a revendiqué l’héritage de René Lévesque pour QS, c’est également «l’autobus qui a organisé la sortie des anciens ministres et conseillers du fondateur du PQ, tous très prompts à répondre à l’appel», révèle également Mme Amyot.
Malgré ces révélations, le chef parlementaire du PQ, Pascal Bérubé, a minimisé lundi l’importance des deux rapports, assurant même ne pas avoir en main le compte-rendu produit par l’exécutif du parti.
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