Des propos tenus récemment par le ministre de la Santé du Québec, Gaétan Barrette, au sujet du transport d'enfants des communautés éloignées par avion-ambulance sont critiqués par des leaders autochtones. Ils estiment qu'ils encouragent les stéréotypes, notamment envers les Inuits.
Plus tôt ce mois-ci, lors d’un événement qui se déroulait dans sa circonscription de La Pinière, sur la Rive-Sud de Montréal, le ministre a indiqué qu’il pourrait toujours être interdit à certains parents d’accompagner leurs enfants à bord des avions-ambulances, malgré une récente modification à cette politique.
Dans une conversation audio obtenue par CBC, Gaétan Barrette « garantit que d’ici six mois, il y aura au moins une personne qui se verra refuser la permission de monter à bord d’un avion-ambulance ».
Si votre enfant doit être transporté, que vous êtes le parent et que vous êtes agité ou intoxiqué, vous ne pourrez pas monter dans l’avion.
Le ministre Barrette a précisé jeudi en entrevue à RDI Matin que ses commentaires ne visaient pas précisément les Autochtones.
« Si une personne est agitée, intoxiquée ou malade, elle ne montera pas dans l’avion », dit-il, rappelant que c'est une situation qui « arrive régulièrement ».
Le ministre assure que les règles de sécurité sont les mêmes pour tous.
Des propos « très racistes »
Le maire de Kuujjuaq, Tunu Napartuk, dit être « sous le choc » à la suite des commentaires de Gaétan Barrette.
Ce sont des propos très racistes. [Le ministre] généralise et entretient des stéréotypes au sujet d’un groupe de personnes.
Tunu Napartuk demande la démission de Gaétan Barrette, estimant qu’un ministre « ne devrait pas dire ce genre de choses, ni même les penser ».
Il explique qu’en situation d’urgence, l’avion-ambulance est le seul moyen d’évacuer rapidement la communauté pour se rendre vers le Sud.
Pendant des années, les enfants des communautés éloignées devaient prendre ces avions seuls, sans être accompagnés par leurs parents. Récemment, toutefois, l’indignation publique a forcé Québec à modifier sa politique à ce sujet.
En décembre, des pédiatres avaient notamment fait pression auprès du gouvernement, estimant que de placer des enfants seuls à bord de vols médicaux pouvait être une expérience traumatisante.
Ils avaient également dénoncé le fait que la politique provinciale touchait de manière disproportionnée les familles des communautés inuites et des Premières Nations.
En février, Québec a annoncé que les avions seraient reconfigurés afin d’être en mesure d'accueillir un parent pour accompagner les enfants. Ce qu'ils pourront faire dès la fin du mois de juin, assure le ministre Barrette.
Le maire de Kuujjuiaq se désole que cette bonne nouvelle soit maintenant ternie par les commentaires du ministre « qui devrait représenter tous les citoyens du Québec, tous les contribuables, incluant les Inuits du Nunavik ».
Des commentaires « inexcusables »
La militante mohawk, Ellen Gabriel, dénonce aussi les propos du ministre, qu’elle juge « inexcusables ».
Ce qu’il dit, c’est que tous les Inuits ou toutes les personnes du Nord boivent de l’alcool. C’est très raciste de faire cette généralisation.
Elle soutient que de séparer les enfants de leurs parents pour les mettre entre les mains d’étrangers n’est pas acceptable, et que c’est une approche qui rappelle ce que les Autochtones ont vécu lorsque les enfants étaient envoyés de force dans des pensionnats.
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