(Québec) Élu depuis 2013, David Heurtel, ministre de l'Immigration, ne sollicitera pas un nouveau mandat. Des sources libérales ont indiqué hier que son départ était acquis depuis le dernier mois, bien qu'au fil des jours, la décision du député de Viau ait pu varier.
Cet autre départ - trois autres ministres importants ont aussi renoncé à se présenter aux prochaines élections - en dit long sur l'atmosphère qui règne au sein de l'équipe libérale, toujours devancée par la Coalition avenir Québec dans les sondages sur les intentions de vote.
Chez ses collègues, cette décision en surprendra plusieurs, a pu constater La Presse. Depuis qu'il a été affecté aux dossiers de l'immigration, David Heurtel paraît plus heureux - son passage récent à Ottawa dans le dossier des réfugiés irréguliers qui arrivent au Québec l'a montré sous un jour plutôt favorable -, a rappelé un collègue du Conseil des ministres. Son attaché de presse s'est refusé à tout commentaire, hier.
Heurtel n'a jamais eu beaucoup d'alliés au Conseil des ministres, où son caractère soupe au lait en irrite plus d'un. Il avait enguirlandé publiquement son adjointe parlementaire à l'Environnement, Marie-Claude Nichols, députée de Vaudreuil.
À l'Environnement, David Heurtel a multiplié les adversaires au sein même de son équipe ministérielle. Les dossiers de développement économique ou d'agriculture qui nécessitaient son approbation traînaient en longueur. Son projet ambitieux de réforme de la consigne est resté lettre morte. Il s'était aussi mis les pieds dans les plats quand TransCanada envisageait de construire un terminal méthanier à Cacouna, proche d'un lieu de reproduction des bélugas.
Mais il jouit de l'appui indéfectible du premier ministre Philippe Couillard. Ce dernier a découvert son ministre surtout au moment d'une conférence internationale sur le réchauffement climatique à Paris, et l'a depuis toujours appuyé dans ses dossiers. MM. Couillard et Heurtel ont d'ailleurs fait leur entrée à l'Assemblée nationale le même jour, en 2013, à la suite de deux élections complémentaires.
Départ de nombreux ministres
Avant de faire le saut en politique, dans Viau, où il a remplacé Emmanuel Dubourg, cet avocat avait été président-directeur général de la Régie des installations olympiques. Proche de Gilbert Rozon, sa carrière a longtemps été associée au Groupe Juste pour rire, où il a travaillé à trois occasions, de 2009 à 2011, de 2003 à 2004 et de 1999 à 2000.
Il a été attaché politique du premier ministre Bernard Landry en 2001.
Le départ de David Heurtel s'ajoute à ceux de Martin Coiteux (Affaires municipales), Jean-Marc Fournier (leader parlementaire) et Stéphanie Vallée (Justice). Le départ du président de l'Assemblée nationale, Jacques Chagnon, paraît aussi acquis. Laurent Lessardm, à l'Agriculture, et Geoffrey Kelley, aux Affaires autochtones, sont sérieusement en réflexion sur leur avenir.
La perspective d'un séjour dans l'opposition, on le comprend, n'a jamais attiré les membres du gouvernement dans le passé. Cette fois, cette réflexion se fait avec une contrainte nouvelle - les députés qui se font élire ne peuvent partir avant la fin du mandat sous peine de perdre leur indemnité de départ, grosso modo une année de salaire.
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