Des proches et des victimes de l’attaque du 29 janvier à la Grande Mosquée de Québec ont demandé au juge François Huot de faire en sorte qu’Alexandre Bissonnette ne puisse jamais sortir de prison.
« Ce dont je me soucie et qui me terrifie le plus, et ce, jusqu’à la fin de mon existence, c’est qu’un jour viendrait où l’on annoncerait qu’[il] puisse voir sa peine allégée ou puisse être libéré, et de ce fait, blanchi de ces atrocités », a déclaré Louiza Mohamed Saïd, la veuve de Abelkrim Hassane, l’un des six hommes tués ce soir-là.
« La venue de ce jour serait une seconde mort pour nos victimes et pour ceux qui ont été épargnés. Une mort sans paix pour nos disparus », a ajouté la femme dans une lettre qu’elle a lue devant le juge.
M. Hassane était père de trois petites filles, dont la plus jeune avait deux ans lors du drame. Des sanglots dans la voix, Mme Saïd a lancé que sa dernière « n’aura aucun souvenir de son papa ».
Le juge Huot entend ces jours-ci les témoignages des victimes dans le cadre des observations sur la peine d’Alexandre Bissonnette. Ce dernier ayant plaidé coupable, on sait déjà qu’il subira un minimum de 25 ans de prison. Or le cumul de ses crimes l’expose à une peine pouvant atteindre 150 ans sans possibilité de remise en liberté.
Bissonnette, « esprit tordu »
Mardi, Mme Saïd n’est pas la seule à avoir demandé au juge d’empêcher que M. Bissonnette puisse un jour sortir de prison. Saïd El-Amari, l’un des blessés qui ont survécu, a fait une demande similaire.
« Je suis effrayé à l’idée qu’une telle personne avec un tel esprit tordu se retrouve dans la même société que moi d’ici 25 ans ou qu’il se retrouve avec mes enfants. Alors je demande à vous de prendre le nécessaire pour que ça n’arrive pas », a-t-il lancé.
M. El-Amari a reçu une balle à l’abdomen et une balle au genou quand Alexandre Bissonnette a ouvert le feu dans la mosquée. Dans son témoignage, ce père de quatre enfants a fondu en larmes en évoquant le meurtre de son ami Azzedine Soufiane qui a péri en essayant de barrer le chemin à Alexandre Bissonnette. « Il y a toujours ce remords. Est-ce qu’on aurait pu aller l’aider ? Ça me ronge toujours. Est-ce qu’on n’aurait pas dû y aller lui donner un coup de main ? »
À la fin de son témoignage, le juge a cherché à l’apaiser à cet égard. « Vous n’avez absolument aucun remords à éprouver », a-t-il dit. « La très grande majorité d’entre nous, nous aurions eu exactement les mêmes réflexes que vous. »
En matinée, on avait aussi pu entendre le témoignage d’un autre survivant, Saïd Akjour, qui a raconté notamment comment le traumatisme de cette soirée l’habitait, même plus d’un an après. « Mon sommeil est perturbé depuis l’évènement. Je ne fais pas de cauchemar, mais je suis vigilant depuis. [...] Moi, le danger je le vois même ici, même si on est en sécurité. [...] Je fais des scénarios, des scénarios d’intervention. Comment réagir ? Est-ce qu’il y a présence d’enfants ? Comment les protéger ? »
D’autres détails suivront.
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