Le reportage de Julie Marceau
Photo : Radio-Canada / Conrad Fournier
Après avoir pris d’assaut la structure du pont Jacques-Cartier en matinée mardi, des militants du groupe Extinction Rebellion y sont allés d’un deuxième coup d’éclat à Montréal et ont bloqué le boulevard René-Lévesque en après-midi. À l’issue d’une manifestation qui s’est étendue sur plusieurs heures, 41 militants ont été arrêtés pour entrave au travail des policiers.
Les manifestants s’étaient d’abord rassemblés en milieu d’après-midi à la Place du Canada, au centre-ville de Montréal, et ont entamé leur marche vers 16 h.
Peu après le début de la manifestation, les policiers du groupe d'intervention du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont bloqué le boulevard René-Lévesque, à l'intersection de la rue Mansfield, afin de les inciter à se déplacer vers la rue Sainte-Catherine. Il s'agit d'une rue moins achalandée et moins dangereuse pour eux, a expliqué Manuel Couture, un porte-parole du SPVM. Ils ont préféré rester sur place.
Durant leur rassemblement qui se tenait à deux pas de l'hôtel Le Reine Elizabeth, ils chantaient, prononçaient des discours et scandaient des slogans. Plusieurs se sont assis puis couchés dans la rue. La foule est toujours restée pacifique au cours de la manifestation, a confirmé le SPVM.
Le nombre de manifestants a diminué au fil des heures. En milieu de soirée, les policiers ont donné l'ordre de regagner les trottoirs
et de dégager la rue. Ils ont par la suite procédé à l'arrestation pour entrave au travail des policiers des 41 manifestants qui n'ont pas obéi à la consigne. La décision a été prise à un moment donné de rouvrir la rue
, a expliqué l'agent Couture.
Action d'éclat au pont Jacques-Cartier en matinée
Mardi matin, trois militants écologistes ont été arrêtés après avoir grimpé sur la structure du pont Jacques-Cartier. Ils dénonçaient le manque d'actions significatives
dans la lutte contre les changements climatiques et promettaient de récidiver.
Les trois militants, deux femmes et un homme, ont réussi à grimper à l'armature du pont à l'aube. Ils ont brièvement déployé une banderole et ont fait un discours diffusé en direct sur Facebook avant d'être rapidement rejoints par une équipe de spécialistes du sauvetage en hauteur composée de pompiers et de policiers de la Sûreté du Québec (SQ).
Lors de la diffusion, une des militantes a justifié une action qui peut sembler extrême, mais qui, pour nous, est une action réaliste. Maintenant, il faut déranger le quotidien, car ce quotidien est en train de nous tuer
.
On n’est pas des farfelus. Ceux qui vivent dans un monde de licornes, ce sont ceux qui pensent qu’on peut continuer de vivre sur une planète avec des ressources finies et une croissance accélérée. C’est impossible, il faut décroître, c’est une urgence.
D'autres militants, réunis sur la voie cyclable du pont, scandaient des slogans pendant le déroulement de la scène.
Notre plan d’action, c’est d’agir et de perturber l’ordre social pour que les autorités en place nous écoutent, car on se dirige vers une catastrophe climatique inimaginable.
Il y a d'autres moyens de manifester
, affirme le ministre Bonnardel
Les trois militants pourraient faire face à des accusations de méfaits, voire de mise en danger de la vie d'autrui, a indiqué l'avocat criminaliste René Verret, mardi, sur les ondes d'ICI RDI.
S'ils sont accusés et reconnus coupables, la dissuasion pourrait être un élément très important dans la peine
, a-t-il ajouté, soulignant que le juge pourrait prendre en compte les nombreux retards subis par les automobilistes et les risques encourus par les intervenants qui ont dû grimper sur la structure.
Le ministre des Transports, François Bonnardel, a pour sa part indiqué qu'il déplorait fortement qu'on ait pris en otage les automobilistes
. Il y a d'autres moyens de manifester
, a-t-il commenté.
Les suspects seront interrogés par les enquêteurs, a précisé Hugo Fournier, porte-parole de la SQ. Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) décidera ensuite des accusations qui seront portées contre eux.
On reconnaît aux gens le droit de manifester. Par contre, les gens n’ont pas le droit de commettre d’infraction criminelle lorsqu’ils le font.
Lutter contre l'indifférence
Le geste s’inscrit dans une série d'actions coups-de-poing entamées lundi par Extinction Rebellion, et ce, pour deux semaines.
Dans un communiqué diffusé durant l'événement, Extinction Rebellion a salué le geste qui dénonce le manque d’actions significatives face aux multiples crises
.
Le communiqué dénonce notamment les projets d’oléoducs et de gazoducs Trans Mountain et GNL Saguenay.
Les moyens pris par le groupe pour se faire entendre sont à la hauteur de l'indifférence des gouvernements face à l'urgence climatique, a clamé François Léger-Boyer, porte-parole d'Extinction Rebellion, au micro de Patrick Masbourian, mardi matin.
Il y a eu 500 000 personnes dans les rues de Montréal le 27 septembre. Pourtant, je n’ai pas l’impression que le gouvernement a compris, puisque le lendemain, sa proposition pour lutter contre les changements climatiques, c’était de couper des arbres.
On est rendu là. On a fait des pétitions, on a signé le pacte, il y a des projets de loi qui ont été déposés à l’Assemblée [nationale], le gouvernement a tourné le dos. […] On va augmenter notre niveau d’action. Et maintenant, on grimpe le pont Jacques-Cartier
, a ajouté le porte-parole.
En tant qu'ancien militant de Greenpeace, le candidat du Parti libéral du Canada Steven Guilbeault a déjà, par le passé, mené des opérations similaires, notamment en escaladant la Tour CN à Toronto en 2001 pour faire pression sur le gouvernement. Invité à commenter le geste de ce matin, il a déclaré : Je l'ai déjà fait. J'ai décidé de poursuivre mon action politique autrement.
Des coups d’éclat semblables du mouvement Extinction Rebellion ont déjà eu lieu ailleurs au Canada, mais aussi dans de nombreuses villes dans le monde comme Londres, Paris, Berlin, New York et Sydney.
Au Canada, plusieurs dizaines de manifestants ont bloqué des ponts autoroutiers dans au moins trois villes : Toronto, Halifax et Edmonton.
Extinction Rebellion a vu le jour au Royaume-Uni à la fin de 2018, à l'initiative d'universitaires notamment, et s'inspire de la stratégie de lutte pour les droits civiques aux États-Unis, dans les années 1960.
Le mouvement s'est étendu grâce aux réseaux sociaux et revendique aujourd'hui 500 groupes dans 72 pays.
Ses actions doivent se poursuivre dans les jours qui viennent.
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