Une entreprise de camionnage de la Rive-Sud de Montréal veut mettre hors d’état de nuire un ex-employé et présumé fraudeur en série qui l’a escroquée de près de 20 000 $ en quelques mois.
Marguerite Denis ne décolère toujours pas face à l’arrogance de Patrick Provost, un camionneur de Mascouche embauché à la hâte l’été dernier pour pallier un manque de personnel.
« Je me suis sentie insultée par ses manipulations. Oui, on espère récupérer notre argent, mais on veut surtout qu’il ne fasse plus de victimes », déplore-t-elle
En un peu plus de quatre mois au sein de 2X6 Transport, basée à Saint-Mathieu-de-Belœil, Provost aurait dérobé des milliers de dollars en utilisant divers prétextes.
« On était pressés, on avait besoin de quelqu’un. C’était un chic type au téléphone, il était poli et bon vendeur. On l’a échappé (voir ci-dessous) », se désole Mme Denis, qui s’occupe de l’administration de l’entreprise de son conjoint et d’un associé.
Premiers jours
Les problèmes ont commencé quand la PME s’est rendu compte que Provost, recruté en juillet comme travailleur contractuel, chargeait 2 $ de l’heure de plus que l’entente.
« C’était vraiment insidieux. Comme on ne faisait pas la comptabilité au jour le jour, on ne l’a pas vu tout de suite », soutient Mme Denis, en entrevue avec Le Journal.
Puis, il a demandé une avance de salaire de deux semaines à la fin du mois, l’équivalent de 2500 $ qu’il n’a jamais remboursés, malgré une reconnaissance de dettes.
En août, sa femme, qu’il disait atteinte d’un cancer, aurait eu besoin d’un traitement spécial. Provost a alors demandé 5000 $ supplémentaires que l’entreprise lui a avancés en attendant qu’il obtienne le paiement de l’assureur de l’employeur de son épouse.
Au garage
Dans les semaines qui ont suivi, une nouvelle « tuile » est tombée sur la tête du chauffeur : le camion de 2X6 Transport aurait eu un problème de moteur. Heureusement, Provost connaissait quelqu’un qui pouvait le réparer pour seulement 2500 $.
« On s’est dit : “Merveilleux ! Quelle aubaine !” On a fait le transfert de fonds à la compagnie à numéro qu’il nous avait référée et qui était censée être le garage », relate Mme Denis.
Prise de doutes, elle a constaté le lendemain que l’entreprise appartenait en fait au propriétaire de la résidence où loge le suspect. Elle a donc entrepris d’examiner les relevés de la carte de crédit de 2X6 Transport qui servait à faire le plein du camion de livraison.
Mme Denis a retrouvé pour 1500 $ de dépenses non autorisées pour du chocolat et de l’essence, plutôt que du diesel, entre autres. Il a poussé l’effronterie jusqu’à réclamer deux remplissages de carburant à quelques minutes d’intervalle, raconte-t-elle.
Quand elle a constaté l’ampleur des sommes engagées, elle a décidé de le piéger, puis de le confronter avant de le congédier.
Une plainte a été formellement déposée auprès de la Régie de police Richelieu—Saint-Laurent en novembre. Patrick Provost a été arrêté il y a quelques jours pour fraude et usage de faux, au grand soulagement de Mme Denis.
Ce n’est pas la première fois qu’il ment
Patrick Provost n’en est pas à son premier coup d’essai en matière de fraude auprès de patrons, lui qui traîne plusieurs dossiers devant la justice depuis sept ans.
Il a actuellement deux autres causes pendantes devant les tribunaux à Montréal, pour une histoire datant de 2014 et encore sur la Rive-Sud, ainsi que pour une escroquerie remontant à 2011. Il avait également été condamné pour le même genre de geste en 2012.
En 2014, Groupe AIM avait déposé une poursuite civile de 80 000 $ pour tenter de reprendre l’argent que Provost avait soutiré. Il s’était fait engager comme directeur des achats corporatifs, sans en avoir les compétences.
Il disait avoir travaillé pour Rona, mais c’était faux, soutenait la requête à l’époque. Le numéro de téléphone de référence qu’il avait donné était en fait un cellulaire d’escorte, et, quand la compagnie a appelé, un homme se faisant passer pour un vice-président aurait leurré le Groupe AIM.
Il avait aussi menti quant à sa date de naissance, afin de cacher sa condamnation en lien avec un autre ex-employeur, relatait la poursuite.
Faux CV
Ce n’était pas non plus la première fois que Provost mentait relativement à ses emplois pour se trouver du boulot. Le Journal a mis la main sur des curriculum vitae qu’il a fait parvenir à différentes entreprises au cours de la dernière année.
Dans la première version, celle envoyée à 2X6 Transport, il se présente comme un simple camionneur qui évolue dans une agence de placement depuis 2003. Il affirme aussi avoir été chauffeur pour Home Depot à Toronto pendant quatre ans et « agent à la logistique » pour une filiale de Bell, de 1995 à 1999.
Plutôt un livreur
La seconde version de son CV le place successivement directeur des achats pour le Groupe Atis de 2010 à 2018, et pour Rona entre 2003 et 2010. Auparavant, il prétend avoir occupé les mêmes fonctions pour un sous-traitant de Bell, de 1995 à 2002.
Les vérifications du Journal montrent que ces emplois sont fictifs, ou du moins déformés. Par exemple, il a déjà travaillé pour le Groupe Atis, en 2009, mais comme livreur.
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