
Québec reconnaîtra les jeunes proches aidants dans sa politique nationale, a déclaré mardi la ministre responsable du dossier, Marguerite Blais.
« Ça sera pris en considération dans la politique », a-t-elle assuré à une intervenante qui a pris le micro au forum d'un jour sur la proche aidance, organisé par le gouvernement à l'Université Laval.
Ce forum doit mener à la première Politique nationale pour les proches aidants, promise en campagne électorale par la Coalition avenir Québec. Elle sera accompagnée d'un plan d'action et dotée d'un budget, a promis la ministre.
Des « dizaines de milliers » de petits Québécois viennent en aide à leurs parents malades, dépressifs, handicapés ou endeuillés, selon Josée Masson, fondatrice de l'organisme Deuil Jeunesse.
Or, les enfants ne sont pas reconnus comme étant des proches aidants, dit-elle, et en conséquence, subissent de graves préjudices, notamment à l'école.
« On n'en parle jamais, s'est exclamée la travailleuse sociale de formation en entrevue à La Presse canadienne. C'est anormal qu'une petite fille, quand maman revient de sa chimiothérapie, qui vomit, qu'elle ramasse le vomi de sa maman à six ans. »
« On ne devrait pas les laisser seuls, on devrait leur apporter une assistance », a-t-elle plaidé.
D'autres pays reconnaissent les jeunes proches aidants, notamment les États-Unis qui en comptent entre 1,3 à 1,4 million, le Royaume-Uni, 175 000, l'Australie, 170 000, et la Nouvelle-Zélande, 10 500, a poursuivi Mme Masson.
« Il y en a vraiment beaucoup, a-t-elle déclaré. Ce sont des jeunes qui n'ont plus d'activités, qui ne vont pas jouer au hockey, à la danse. Au niveau scolaire, ce sont des jeunes qui auront moins d'attention à l'école. [...] C'est souvent une grande fatigue qu'ils vont ressentir. »
Selon elle, le personnel médical québécois devra développer un nouveau « réflexe », celui d'aller à la rencontre de ces jeunes. « Regardez un enfant et demandez-lui : "C'est quoi, toi, tes tâches quand maman ne va pas bien ?" »
La politique nationale sera un pas en avant - « Les gens vont dire : "Ah oui ?" Et ils vont commencer à porter une réflexion. Si ce n'est que ça, c'est déjà énorme. »
Qu'est-ce qu'un proche aidant ?
Mardi, la ministre Blais a demandé aux quelque 200 intervenants présents au forum de lui proposer une définition « inclusive » de la proche aidance.
Elle a précisé qu'elle souhaitait que l'exercice soit apolitique.
S'appuyant sur des données de Statistique Canada, Sophie Éthier, professeure agrégée à l'École de travail social et de criminologie de l'Université Laval, a soutenu qu'un quart des Québécois âgés de plus de 15 ans sont des proches aidants.
Près de 60 % d'entre eux sont des femmes, et celles-ci s'occupent généralement des tâches les plus essentielles, c'est-à-dire les soins d'hygiène, par exemple.
La majorité des proches aidants travaillent et subissent en moyenne une perte salariale de 16 000 $ par année.
24 % sont proches aidants plus de 10 heures par semaine, et 40 % n'ont pas fait le choix d'être proche aidant.
Selon ce qu'a déclaré la CAQ en campagne électorale, 1,6 million de Québécois assument le rôle de proche aidant, certains sans même le savoir.
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