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Repenser les écoles de demain pour sortir de la crise

Des écoles à l’abandon où se répandent la moisissures plus que le savoirs, des classes qui débordent ou des aménagements inchangés depuis 40 ans, l’école québécoise est en crise. Ce sont ces observations qui ont poussé le chroniqueur en aménagement urbain Marc-André Carignan à se lancer dans l’écriture du livre Les écoles qu’il nous faut, qui propose, au-delà d’un constat d’échec, des solutions pour surmonter la crise que traversent les écoles du Québec.

Ce livre s’adresse autant aux parents ou aux professeurs qu’aux décideurs. Il lance un cri du cœur pour améliorer les écoles du Québec, pourquoi vous êtes-vous engagé pour repenser les écoles d’ici ?

Une de mes premières motivations pour faire ce livre, ce sont mes filles, nées durant le processus d’écriture. Quand je voyais les écoles du Québec, je me disais, ce n’est pas vrai que je veux que mes enfants aillent dans des écoles comme ça. Je veux qu’elles soient stimulées qu’elles aiment l’école et qu’elles aient le goût d’y retourner. Il faut que l’école devienne le centre d’un quartier et d’une communauté, une fierté, plutôt qu’une déception comme c’est le cas dans tellement d’école au Québec. On a honte de nos écoles actuellement.  De voir la classe que j’ai connue il y a 25 ans, que mes parents avaient aussi connue il y a 45 ans, et de constater qu’aujourd’hui la seule différence, c’est le tableau interactif, ce n’est pas ça qui en fait une école moderne. Tout ça mis ensemble, j’ai eu besoin d’écrire là-dessus.

Quels sont les défis pour les écoles au Québec dans les prochaines années ?

Le gouvernement a annoncé des centaines de millions de dollars d’investissement cette année. On va remettre en état neuf des écoles basées sur un modèle pédagogique des années 1940. On va repeindre les murs, refaire les toilettes, faire une belle toiture. On a une école neuve de l’extérieur qui est basé sur un modèle de 1940, ça n’a aucun sens. On ne modernise pas nos écoles de cette façon-là. Il faut être conscient que ça ne se fera pas du jour au lendemain. C’est un travail qui est basé sur peut-être deux ou trois décennies pour changer l’ensemble des écoles. Mais il faut commencer quelque part et investir les sommes nécessaires. Ça va prendre une volonté, un leadership et de l’argent pour que toutes les écoles se modernisent.

Pour illustrer la crise qui touche l’école au Québec, on parle souvent des écoles préfabriquées, des roulottes qu’on installe lorsque l’école est pleine ou pendant des travaux. Qu’est ce que ça représente pour vous ?

Les classes modulaires…(silence). C’est le symbole de notre négligence en matière de planification scolaire. Ce n’est pas normal, on a des recensements, on sait combien d’enfants sont dans les garderies. Une ville qui développe un projet immobilier sait quel type de projet elle développe. On est censé savoir ce qui arrive et planifier les écoles en conséquence. Dans les commissions scolaires, j’ai des témoignages qui disent qu’on a un problème de communication incroyable entre les villes et les commissions. La planification d’école devient très difficile. On m’a dit que tant qu’une école n’est pas pleine à 100%, qu’elle n’est pas surpeuplée, le ministère va être réticent à faire l’agrandissement. C’est quand c’est trop tard qu’on accorde de l’argent pour agrandir.

Pourquoi l’aménagement des écoles est-il si important pour les élèves ?

Dans l’équation de la réussite éducative, il doit y avoir l’équation de l’environnement physique. Avant d’ouvrir un livre, l’enfant doit mettre le pied dans l’école. Nous, on le comprend, en tant qu’adulte, si tu es dans un bureau sans fenêtres c‘est prouvé qu’il va y avoir un taux d’absentéisme plus élevé, que ta productivité va être moins élevée, par ce que tu n’es pas dans un environnement stimulant et psychologiquement ça t’affecte. C’est les mêmes principes pour des enfants à l’école.

«Il existe actuellement un momentum permettant d’espérer une métamorphose stratégique et créative de notre parc immobilier. Il faudra cependant afficher plus de sagesse et de prévoyance que par le passé, en tirant des leçons de la période que nous vivons actuellement». – Marc André Carignan, Les écoles qu’il nous faut.

Dans votre livre, vous montrez l’exemple de l’école primaire Médéric-Gravel à Saguenay. Elle représente parfaitement le modèle d’école du XXIe siècle que vous défendez. Comment cette école a-t-elle fait pour développer tous ces projets, alors que la majorité des écoles peinent à évoluer ?

Cette école est extraordinaire. Il n’y a aucune classe avec des pupitres réguliers, ce sont des ilots pour subdiviser les groupes, pour permettre différents types de travaux dans la même classe, de permettre aussi plus de sociabilisation. Quand la présidente de la commission scolaire est arrivée, elle a fait le tour de ses écoles au complet, elle a dit : ça n’a aucun bon sens. Il y a des pupitres qui ont fait la guerre, des néons au plafond avec du tape pour les tenir. Elle a mis une équipe de réflexion, des pédagogues, des professeurs. Ils ont fait des recherches et ont regardé les meilleures pratiques. Ça a coûté plus cher, oui, mais il faut voir ça sur le long terme et tenir compte des bénéfices pédagogiques pour les enfants.

Les exemples d’école moderne et innovante proposent toujours un environnement flexible, qui s’adapte aux élèves et aux situations. Est-ce que c’est ça, l’idée centrale pour repenser nos écoles ?

Le mot qui résume le livre c‘est vraiment flexibilité. L’idée c’est de penser l’école pour voir comment elle peut être la plus flexible. Quand tu construis une école, c’est un bâtiment qui sera là pour 75 ans. En 75 ans, tu vas vivre des révolutions technologiques, tu vas vivre des babys boom, différentes réalités socio-économiques qui vont faire que ton école dans un quartier va être appelé à changer ou à changer de rôle social ou pédagogique.

Les écoles qu’il nous faut. Marc-André Carignan, aux éditions MultiMondes.

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