Les délégués du Bloc québécois ont accepté à forte majorité le projet de réunification proposé par leur chef intérimaire Mario Beaulieu pour mettre fin à la crise.
Il cède ainsi le poste de président du bureau national, l'exécutif du parti, à Yves Perron, l'un des militants qui avaient mené la fronde contre Martine Ouellet au printemps. Les postes au sein de l'exécutif ont été comblés par des représentants des deux camps et donc les deux visions auront chacune leur place. M Beaulieu espère ainsi rallier les cinq députés dissidents qui forment désormais Québec debout.
Deux camps s'étaient créés durant la crise qui a secoué la formation de février à juin: ceux qui soutenaient l'ancienne chef, Martine Ouellet, et ceux qui voulaient sa tête.
Le camp pro-Ouellet préconisait la promotion de l'indépendance sur toutes les tribunes, alors que l'autre camp préférait la formule de la défense des intérêts du Québec à Ottawa.
«Ce n'est pas en se déchirant entre nous qu'on va avancer», avait constaté Mario Beaulieu dans son discours en début de rencontre en reconnaissant les frustrations qu'ont pu vivre les militants du clan Ouellet.
«Un message à transmettre à nos collègues qui ont démissionné: deux partis qui veulent défendre le Québec jusqu'au bout - jusqu'à son plein épanouissement - c'est se diviser, ce n'est pas se renforcer», a-t-il ajouté en déclenchant des applaudissements.
Le député Michel Boudrias, un fervent indépendantiste, estime que cette entente permettra de sauver son parti. Il avait quitté le Bloc québécois avec six de ses collègues en février pour finalement revenir après le départ de Mme Ouellet.
«Être résolument indépendantiste et déterminé, ça implique aussi d'agir avec raison, a-t-il affirmé en entrevue. La politique, c'est du consensus. Ce n'est pas du compromis, c'est du consensus pour avancer et rallier. Alors, il faut être capable d'avoir une proposition qui satisfasse l'ensemble.»
Le conseil général du parti, qui réunit environ 200 délégués, se déroule dans une ambiance moins tendue que celui du mois d'avril. Quelques militants se sont prononcés contre la proposition, mais ils n'ont pas réussi à convaincre suffisamment de membres dans l'assemblée.
Les délégués devront maintenant décider s'ils veulent repenser le Bloc québécois de fond en comble.
Le Forum jeunesse du Bloc québécois propose un congrès de refondation en janvier 2019 où le nom, le logo, les statuts et règlements et le programme seraient remis en question.
«C'est un des objectifs de ramener les dix députés ensemble d'une belle façon, mais aussi de rassembler les indépendantistes et les gens qui ont peut-être par le passé déjà cru au Bloc québécois, qui ont été déçus, ou des gens qui pourraient être attirés par le Bloc québécois qui ont juste besoin d'un petit "oomph" de plus», a expliqué la présidente de l'aile jeunesse, Camille Goyette-Gingras.
Les modalités de la prochaine course à la direction doivent également être fixées par les délégués.
Le Bloc québécois a été plongé dans la pire crise de son histoire en février lorsque sept députés ont claqué la porte. Il s'en est suivi un bras de fer qui a mené en juin à la démission de Martine Ouellet comme chef du parti. Celle-ci venait de perdre la confiance des militants lors d'un référendum qui portait également sur la mission du Bloc québécois. Deux députés démissionnaires ont depuis réintégré les rangs bloquistes.
La crise a fait mal aux finances du parti. Selon le dernier rapport trimestriel publié en juin par Élections Canada, le Bloc québécois a amassé un peu plus de 40 000 $ au cours des mois précédents, soit moins de la moitié des 91 000 $ recueillis un an auparavant. Il rassemble aujourd'hui 15 000 membres en règle.
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