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Daoust doutait de son chef de cabinet

L’ex-ministre de l’Économie Jacques Daoust ne semblait pas porter son chef de cabinet politique dans son cœur au moment d’écrire le document qu’il a laissé en guise de testament politique, peu avant sa mort. Il reprochait à ce dernier d’avoir laissé croire qu’il était au courant de la vente d’actions de Rona, alors que ce n’était pas le cas.

En guise de preuve, Jacques Daoust tourne en dérision la déclaration (pourtant faite sous serment) de son chef de cabinet Pierre Ouellet indiquant qu’il aurait lui-même demandé à ce dernier à partir de quels «seuils d’autorisation» un ministre devait intervenir. Autrement dit, à partir de quel niveau de participation Investissement Québec devait demander une permission au ministre de l’Économie avant d’agir, dans ce cas-ci pour vendre le bloc d’actions de Rona.

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«Si Monsieur Ouellet s’est fait poser cette question, écrit M. Daoust dans le document que notre Bureau d’enquête a pu consulter, ce n’est certainement pas par le ministre, ce dernier ayant été président d’Investissement Québec pendant plus de sept ans et demi et connaissant très bien et depuis longtemps les seules limites que lui impose la loi (article 8 et 12).»

Notre Bureau d’enquête révélait hier que l’ex-ministre Daoust avait été hanté jusqu’à sa mort par la vente d’actions de Rona par Investissement Québec, décision qui a conduit à la vente du fleuron québécois à des intérêts américains. Cette transition l’avait dérangé au point de lui faire perdre le sommeil et de lui coûter une partie de sa santé, estimait-il, car on voulait lui faire dire qu’il l’avait autorisée parce qu’il en connaissait l’existence.

Pas dans son cœur

«Jacques Daoust n’est pas au courant de la décision et ne pouvait l’être», répète l’ex-banquier dans son document écrit à la troisième personne, dans la forme d’un procès verbal.

«Lorsque le chef de cabinet l’informe de la décision du CA (conseil d’administration d’Investissement Québec), écrit-il, la décision étant déjà prise et ne requérant clairement pas son autorisation (sic)».

Non seulement cela ne faisait pas de sens qu’il pose la question des «seuils d’autorisation» à son attaché politique puisqu’il «les connaissait très bien et depuis longtemps», écrit-il, mais Pierre Ouellet n’avait aucune crédibilité.

«Pierre Ouellet est le même chef de cabinet qui avait caché l’existence de la clé USB et la lettre de Madame [Annie] Trudel au chef de cabinet du PM (son patron) et a été congédié à cause de cela. Dans ce dossier-ci, c’est celui qui a caché à son ministre son OK qu’il avait donné à la transaction de vente des actions de Rona détenues par IQ, mais cette fois-ci c’est lui qui est cru.»

S’il n’est pas celui qui a posé la réponse à laquelle il connaissait la réponse, qui l’a posée alors ?

«Si son chef de cabinet cherchait cette information, ce n’était certainement pas parce que le ministre le demandait, répond-il lui-même dans son document. Qui d’autre aurait pu vouloir cette information ? Le patron du chef de cabinet (Jean-Louis Dufresne) ? Sûrement pas le ministre.»

Jean-Louis Dufresne a été chef de cabinet du premier ministre Philippe Couillard jusqu’en septembre dernier, alors qu’il est parti dans la controverse. Quant à Pierre Ouellet, il a été nommé conseiller au Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ).

Selon M. Daoust, non seulement Pierre Ouellet lui a été imposé par le bureau du premier ministre Philippe Couillard, mais son témoignage en commission parlementaire sur l’affaire Rona a pu être « préparé » par Jacques Dupuis, un ministre influent de l’époque de Jean Charest.

«Je lui ai parlé, mais je ne lui ai pas donné de conseil. [...] C’était plus informel», a dit ce dernier, hier, lorsque joint par notre Bureau d’enquête. «Je n’étais pas là, j’ai pas suivi ça», a-t-il répondu au sujet des incohérences relevées par Jacques Daoust.

L’ex-chef de cabinet Pierre Ouellet n’a pas répondu à un courriel envoyé hier en début de soirée.

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