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Recrutement d'élèves en Inde: le cégep de la Gaspésie poursuivit pour 3 millions - La Presse

Sous les projecteurs pour avoir ouvert un campus unilingue anglophone à Montréal, le cégep de la Gaspésie et des Îles se trouve dans la mire d’une firme indienne de recrutement qui l’accuse de s’être « injustement enrichi » en acceptant 487 élèves du Punjab dont l’inscription était liée à de juteuses commissions.

Tristan Péloquin Tristan Péloquin
La Presse

La poursuite, déposée en Cour supérieure à la fin du mois de janvier par Rehill Services inc., vise plus directement l’homme d’affaires Naveen Kolan ainsi que ses entreprises Matrix College et Edu Edge, impliquées dans le fonctionnement du campus montréalais du cégep de la Gaspésie et des Îles.

Le Devoir a révélé mardi que ce campus unilingue anglophone de 28 classes, établi dans un immeuble du quartier Ahuntsic, accueillait 2200 élèves étrangers, qui paient 14 700 $ par année pour une attestation d’études collégiales. Ces cours permettraient au cégep de la Gaspésie et des Îles de dégager un profit de 1 million par année sans que la moindre subvention gouvernementale soit versée, selon Le Devoir.

D’après la poursuite, les entreprises de Naveen Kolan avaient confié depuis 2011 le recrutement d’élèves en Inde à un sous-traitant local du Punjab, Rehill Services, qui agissait comme « agent » pour l’aider à remplir différentes salles de classe au Québec. Moyennant une commission de 1500 $ par élève par semestre, Rehill se chargeait de trouver les élèves, de les « guider dans leur choix de programme et de collège afin de les aider dans leur carrière » et s’occupait de divers détails liés à l’obtention d’un visa étudiant, indique un contrat déposé au tribunal.

Une « brèche de contrat » est cependant survenue en septembre 2019, lorsque M. Kolan et ses entreprises ont cessé de payer ces commissions « et ont posé des gestes intentionnels pour nuire » à Rehill Services et à ses partenaires, allègue la poursuite. M. Kolan aurait volontairement fait avorter un transfert bancaire de 480 000 $ à Rehill en affirmant faussement que le compte de banque du destinataire était « frauduleux », selon les documents de cour consultés par La Presse.

En novembre dernier, le cabinet d’avocats De Grandpré Chait, mandaté par Rehill Services, a fait parvenir quatre lettres au cégep de la Gaspésie et des Îles pour lui souligner que les commissions dues pour 487 élèves, recrutés entre mai 2017 et janvier 2020, n’avaient toujours pas été payées.

« Compte tenu de vos liens d’affaires serrés avec le Groupe Matrix (dirigées par Naveen Kolan) et le fait que le transfert bancaire annulé concernait spécifiquement des factures pour des étudiants enrôlés à votre Cégep, et que vous en étiez l’ultime bénéficiaire, le Cégep pourrait potentiellement être impliqué dans la poursuite comme témoin, comme mis en cause ou autre », précisait la lettre.

Une autre lettre, adressée à la directrice générale du cégep, Yolaine Arseneau, précisait que l’établissement avait cinq jours pour s’assurer qu’un paiement de 936 189 $ serait acheminé à Rehill, faute de quoi l’établissement en serait tenu responsable.

« Le cégep n’a jamais eu la courtoisie de répondre à ces lettres », déplore la poursuite, qui affirme que les plaignants sont en droit de réclamer conjointement des dommages à l’établissement collégial en raison de ses liens d’affaires étroits avec les entreprises de M. Kolan « s’il est révélé durant les procédures que le Cégep a été impliqué dans les agissements tortueux de Matrix et de ses directeurs ».

En tant que partenaire de Matrix, le cégep « s’est injustement enrichi » en se retrouvant dans une situation telle qu’elle n’a pas payé les commissions dues à Rehill, ajoute la poursuite.

Le cégep et Groupe Matrix ont refusé de commenter l’affaire puisque celle-ci se trouve devant les tribunaux. L’avocat de Rehill Services, Me Matthew Maloley, n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.

Cas semblable

De 2011 à 2016, la commission Lester B. Pearson a aussi eu un partenariat avec Naveen Kolan et Edu Edge pour le recrutement d’élèves internationaux pour un programme de formation professionnelle semblable. La commission scolaire avait subitement coupé les ponts avec l’entreprise après que la présidente Suanne Stein Day eut fait état d’« irrégularités ».

La commission scolaire poursuit Edu Edge pour la forcer à divulguer des documents administratifs faisant état des transactions et des commissions versées, qui représentent environ 20 % des frais scolaires payés par ces élèves étrangers.

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