
François Legault a passé la semaine à bomber le torse face à Ottawa dans le dossier de la laïcité. Ses bravades cachent surtout une certaine impuissance.
Il y a des jours où François Legault doit s’ennuyer de l’époque où il pouvait brandir la menace de la souveraineté.
Il a choisi — et les Québécois aussi — une autre voie, celle de l’autonomie, d’un nationalisme décomplexé face au pouvoir « centralisateur » d’Ottawa.
Un nationalisme qui a frappé un mur cette semaine.
Partie remise
Que la Commision scolaire English-Montréal ait choisi de renoncer aux fonds fédéraux pour attaquer la loi 21 n’y change rien.
François Legault l’a admis en autant de mots, hier. « Le problème reste entier », a-t-il dit.
Le Programme de contestation judiciaire du gouvernement fédéral continuera d’exister tant et aussi longtemps que les libéraux seront au pouvoir à Ottawa.
Et il serait étonnant que M. Trudeau change la formule pour éviter qu’il serve à financer des actions légales contre la loi sur la laïcité.
Si ça se trouve, Ottawa finance en ce moment même par l’entreprise de ce fonds d’autres contestations de la loi 21.
Car voyez-vous, ses bénéficiaires demeurent anonymes.
L’histoire de la commission scolaire anglophone montréalaise a éclaté au grand jour pour la seule et unique raison que l’information s’est retrouvée sur le bureau d’un journaliste de The Gazette.
Après avoir harangué Justin Trudeau jeudi, M.Legault a changé de cible, hier. La CAQ a dirigé ses attaques vers le PLQ, soucieux de continuer de se faire du capital politique avec cette question explosive.
M. Legault a-t-il pris conscience qu’il n’a pas le gros bout du bâton face à Ottawa ?
La députée indépendantiste Catherine Fournier a exposé sans grande difficulté les limites du nationalisme de la CAQ, aussi décomplexé soit-il.
L’ex-péquiste a demandé au ministre Jolin-Barrette, à la période de questions, ce que son gouvernement comptait faire pour « empêcher le fédéral de contribuer à contester les lois du Québec ».
M. Jolin-Barrette a rétorqué qu’il était très déçu de l’attitude du PLQ, qui refuse de condamner Ottawa.
Un silence, sur le fond des choses, qui en dit long... La CAQ a choisi son camp, celui de la fédération. Elle a ainsi de facto accepté de se soumettre à des institutions fédérales, pour le meilleur et pour le pire.
Souveraineté
Il sera intéressant de voir si, dans l’autre capitale, ce débat incitera le Bloc québécois à parler plus facilement de souveraineté.
Le Bloc se demande avec raison pourquoi le fonds fédéral est accessible à des commissions scolaires millionnaires comme English-Montréal.
Mais il est bien mal placé pour s’attaquer à ce programme indépendant (rappelons-le) du fédéral, mais financé par lui, dont il a défendu l’existence durant des années.
Les libéraux se sont d’ailleurs fait un plaisir de le lui rappeler cette semaine.
Ce fonds a souvent servi, historiquement, à défendre les droits des francophones hors Québec lors de combats épiques contre des gouvernements provinciaux qui leur étaient hostiles.
Yves-François Blanchet aurait pu s’inspirer du candidat à la direction du PQ Frédéric Bastien. Ce dernier a fait ses devoirs et a découvert que les commissions scolaires ne peuvent recevoir directement de l’argent du fédéral sans l’assentiment préalable des provinces.
C’est du moins son interprétation. Un argument censé et logique.
En voyant de la politique là où il n’y en a pas nécessairement, le Bloc et la CAQ n’ont pas su éviter le piège des contradictions.
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