L’ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick Bernard Lord a décidé de fermer la porte à la direction du Parti conservateur, selon des proches et des membres du parti. L’information a été confirmée vendredi en fin de soirée, alors qu’en coulisses, la course à la direction prend rapidement forme.
Actuellement président-directeur général de Medavie, une compagnie d’assurances et de services de santé, Bernard Lord sondait ses appuis depuis l’annonce de la démission du chef Andrew Scheer. L’hésitation aura duré moins de deux jours.
Peu connu de la majorité des Canadiens, Bernard Lord était vu par de nombreux conservateurs comme une manière de rompre avec le conservatisme social d’Andrew Scheer, ce qui aurait permis, selon certains stratèges, d’aller chercher les voix perdues en Ontario et au Québec au profit du Parti libéral.
Son passage à la tête du Nouveau-Brunswick de 1999 à 2006, son expérience en tant qu’homme d’affaires et son bilinguisme parfait sont des éléments qui ajoutaient à son attrait aux yeux des conservateurs.
De cette manière, Bernard Lord passait pour un Brian Mulroney version 2.0 : capable d’aller chercher le vote des nationalistes québécois, des tories de l’Ontario et des conservateurs de l’Ouest.
Le principal intéressé n’a pas exprimé sa préférence dans la course à la direction.
Ambrose courtisée
Bernard Lord n’était pas le seul ex-politicien encouragé à refaire le saut dans l’arène.
De fortes pressions sont en effet exercées sur l’ancienne ministre du gouvernement Harper Rona Ambrose pour qu’elle brigue la direction du Parti conservateur afin de s’assurer que les provinces de l’Ouest conservent une voix forte sur la scène fédérale.
Le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, tout comme l’ancien premier ministre de la Saskatchewan Brad Wall affirment que Mme Ambrose est une candidate de choix pour diriger les troupes conservatrices et vaincre les libéraux de Justin Trudeau, maintenant minoritaires à la Chambre des communes, aux prochaines élections fédérales.
MM. Kenney et Wall ont fait connaître leur préférence dans les heures qui ont suivi l’annonce de la décision d’Andrew Scheer, jeudi, de quitter ses fonctions dès que les membres du parti lui auront choisi un successeur.
« Rona serait mon premier choix », a lancé Jason Kenney dans une entrevue de fin d’année accordée au Calgary Herald, qui a été publiée vendredi. « Elle serait une leader brillante », a-t-il ajouté. M. Kenney et Mme Ambrose été collègues au sein du cabinet de l’ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper.
Quant à lui, Brad Wall a lui-même écarté sa candidature, mais a dit souhaiter que Rona Ambrose soit de la course, estimant essentiel que le prochain chef du parti comprenne bien le sentiment d’aliénation qui prend de l’ampleur dans les provinces de l’Ouest.
D’autres candidats en lice
Après la défaite des conservateurs de Stephen Harper en 2015, Mme Ambrose a été choisie pour assurer l’intérim. Elle a quitté la vie politique peu de temps après l’élection d’Andrew Scheer à la tête du parti, au printemps 2017.
Un retour en politique ne faisait pas partie des projets de Mme Ambrose. « Il est vrai que la pression sur elle dans les provinces de l’Ouest est très, très forte. Cela ne faisait pas partie de ses plans. Elle va devoir faire une réflexion », a souligné une source conservatrice, qui souligne toutefois que la qualité de son français n’est pas suffisante. « Elle ne pourrait pas participer à un débat en français ou encore donner une entrevue à Tout le monde en parle », a illustré cette source.
Depuis l’annonce de la démission d’Andrew Scheer, plusieurs candidats potentiels multiplient les appels afin de jauger leurs appuis. C’est le cas du député conservateur de l’Ontario Erin O’Toole, arrivé troisième dans la course au leadership en 2017, et de son collègue Pierre Poilievre.
L’ancien ministre Peter MacKay a démontré un intérêt pour le poste, mais tient à discuter de cette aventure avec sa famille et ses proches avant de prendre une décision, qui pourrait survenir après les Fêtes.
Deux députés de l’Ontario, Michael Chong, qui a aussi été candidat lors de la dernière course au leadership, et sa collègue Marilyn Gladu, ont aussi fait savoir qu’ils sont en réflexion.
— Avec la collaboration de Raphaël Pirro, La Presse
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