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Immigration: Legault admet avoir mal évalué l'effet de sa réforme - La Presse

(Québec) François Legault a reconnu mercredi avoir mal évalué l’impact de sa réforme de l’immigration sur certains étudiants étrangers. C’est pourquoi il accordera un droit acquis aux participants actuels du Programme d’expérience québécoise (PEQ).

Martin Croteau Martin Croteau
La Presse

Gabriel Béland Gabriel Béland
La Presse

Hugo Pilon-Larose Hugo Pilon-Larose
La Presse

Le premier ministre a reconnu qu’il n’a « pas aimé » sa journée de mardi, au cours de laquelle sa réforme du programme a bombardée de critiques par l’opposition, des groupes étudiants, des travailleurs étrangers, des étudiants étrangers et des dirigeants universitaires. Tous ont dénoncé le manque « d’humanité » de la décision du gouvernement caquiste.

« On n’avait peut-être pas, effectivement, évalué des cas personnels de gens qui s’étaient fait faire des représentations, qui ont décidé de bonne foi de dire : ‘Moi, j’en suis de la nation québécoise, je me sens Québécois, je suis déjà au Québec.’ On n’a peut-être pas évalué comme il faut cette partie humaine », a-t-il déclaré mercredi.

M. Legault a expliqué qu’il était d’abord convaincu qu’il n’y avait aucune garantie que les participants au PEQ pourraient obtenir leur citoyenneté. C’est pourquoi son ministre de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, et lui-même ont d’abord défendu bec et ongles le changement des critères.

Mais depuis, le premier ministre dit avoir été informé que plusieurs étudiants étrangers ont été recrutés avec la promesse d’obtenir une voie rapide vers la citoyenneté canadienne. Cet argument en a convaincu plusieurs de poursuivre leurs études au Québec.

« J’avoue qu’on n’avait pas saisi cette présentation qui avait été faite à certains étudiants », a dit M. Legault.

Il souhaite toujours modifier les critères d’admission du PEQ pour que ses participants répondent davantage aux besoins du marché du travail québécois.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Simon Jolin-Barrette

Quelques minutes plus tôt, le ministre Simon Jolin-Barrette s’est dit « très sensible
à la réalité des gens » touchés par sa réforme de l’immigration. Et ce, même s’il avait refusé de rencontrer un groupe d’étudiants venus dénoncer sa décision à l’Assemblée nationale la veille.

Les étudiants étrangers et les travailleurs temporaires qui étaient déjà installés au Québec en date du 1er novembre bénéficieront donc d’une clause de droits acquis, a-t-il annoncé.  

« Je démontre très clairement ma sensibilité et mon écoute à l’égard des personnes touchées. Je les ai entendues et c’est pour cette raison que j’ai modifié ma décision », a affirmé M. Jolin-Barrette.

Le ministre avait d’abord défendu mardi avec force cet élément de sa réforme, qui changeait en cours de route les règles du jeu pour plusieurs étudiants.

Mercredi, M. Jolin-Barrette a assuré que ce recul était sa décision et qu’elle ne lui avait pas été imposée par le premier ministre. « Non, c’est moi qui a informé le premier ministre de ma décision de mettre en place une clause de droit acquis », a-t-il dit.

« Dans un dossier comme celui-ci, le premier ministre me fait confiance et respecte ma décision. Je ne ferai pas étalage des discussions entre lui et moi », a-t-il dit, refusant de parler « d’erreur ».

Manque d’empathie

Les partis d’opposition ont dit ne pas croire une seule seconde à l’empathie du ministre.  

« Vous avez entendu comme moi [mardi] ses réponses froides, très calculées. Visiblement, quand l’empathie est passée, M.  Jolin-Barrette n’était pas chez lui », a lancé le député solidaire de Rosemont, Vincent Marissal.  

« On parle de monde, de vrai monde, a-t-il ajouté. Ce n’est pas juste de la politique. »

Le député libéral de La Pinière, Gaétan Barrette, croit que M. Jolin-Barrette « n’avait aucune sensibilité pour ces gens-là » mardi, rappelant qu’il avait refusé de rencontrer les étudiants étrangers.

« Ce que j’ai vu lundi, c’est un gouvernement extrêmement froid, calculateur, incapable de l’admettre, lance Gaétan Barrette. Aujourd’hui, quand j’entends Simon Jolin-Barrette dire qu’il était sensible… Moi, je n’ai vu personne sensible en face de moi. J’ai vu beaucoup de monde gêné. »

Le chef du Parti québécois, Pascal Bérubé, a abondé dans le même sens.

« C’est de l’insensibilité, c’est de la gestion de crise, a-t-il dénoncé. Ce n’est pas une conviction sincère. Ils sont poussés à bout. Ils avaient mal évalué l’impact. C’est amateur et le gouvernement ne mérite certainement pas la popularité qu’il a présentement avec ces erreurs successives. »

Le gouvernement Legault a annoncé la semaine dernière qu’il modifiait le PEQ - un programme d’immigration qui sert de voie rapide à l’obtention de la résidence permanente pour les étudiants étrangers au Québec et les travailleurs temporaires déjà installés dans la province. Les nouveaux critères restreignent l’application au PEQ à une liste limitée de domaines d’étude ou d’emploi.

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