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La vie de la famille Bettez « bouleversée à tout jamais » par la SQ - ICI.Radio-Canada.ca

Jonathan Bettez arrive au palais de justice de Trois-Rivières en août 2016.

Jonathan Bettez arrivant au palais de justice de Trois-Rivières en août 2016

Photo : Radio-Canada

Maude Montembeault

Pour la première fois depuis la disparition de Cédrika Provencher en 2007, la version de la famille Bettez est exposée au grand jour dans sa poursuite de 10 millions de dollars contre la Sûreté du Québec. Le document vise à démontrer que la conduite policière a ruiné la vie de Jonathan Bettez et de ses parents.

Jonathan Bettez est aujourd’hui un homme isolé socialement, [vivant de] l’aide sociale et dont les perspectives professionnelles au Québec sont quasi-nulles. C’est ce qu’on peut lire dans la poursuite civile déposée jeudi par Emballages Bettez inc., Jonathan Bettez et ses parents.

Avant son arrestation, le 29 août 2016, Jonathan Bettez était le directeur général de l’entreprise familiale Emballages Bettez, dont la réputation n'était plus à faire en Mauricie. Ses parents étaient actionnaires de l’entreprise qu’ils avaient créée en 1980.

Dans le document de la poursuite, on peut lire que depuis l’arrestation de Jonathan Bettez, ses parents et lui ont reçu des menaces de mort et ont été victimes de vandalisme. Ils auraient aussi été intimidés par des policiers.

Gens autour d'une voiture

Lors des comparutions de Jonathan Bettez au palais de justice de Trois-Rivières, de nombreux citoyens et médias étaient présents.

Photo : Radio-Canada

Toute cette affaire a mené à la déconfiture de l’entreprise familiale, allègue la poursuite. Les parents, apprend-on, ont dû se résigner à vendre les actifs de la compagnie à perte.

Mercredi, Radio-Canada révélait que la famille Bettez, qui habite à Trois-Rivières, comptait poursuivre la SQ pour plus de 10 millions de dollars et que presque la moitié du montant était réclamé par Emballages Bettez.

En plus de la SQ et de la procureure générale du Québec, la poursuite vise également, l’ancien directeur général de la SQ, Martin Prud’homme, actuellement relevé de ses fonctions. Il était chargé de l’enquête sur la disparition de Cédrika Provencher en 2007.

Les enquêtrices Katherine Guimond, responsable du volet de l’enquête sur la pornographie juvénile et Chantal Daudelin, chargée du dossier de la disparition de la fillette, sont aussi visées, en plus d'un autre haut gradé de la Sûreté du Québec, Jean Lafrenière.

Un immeuble avec le logo de la SQ.

Des employés de la Sûreté du Québec sont visés par la poursuite de la famille Bettez.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

« Une cruauté inouïe à l’égard des parents » 

Jamais au cours de l’enquête les policiers ne se seraient souciés de protéger les intérêts des parents de Jonathan Bettez qui n’avaient rien à voir avec les gestes reprochés à leur fils. 

Les policiers ont fait fi des droits et des intérêts des tiers innocents impliqués, dont les parents de Jonathan Bettez.

Extrait de la poursuite

En août 2016, un haut gradé de la SQ, le capitaine Jean Lafrenière, se serait présenté au domicile des Bettez en compagnie de la mère de Cédrika, Karine Fortier, pour parler à Huguette Drouin.

Le but était de faire pression sur Jonathan Bettez par l’entremise de ses parents pour qu’il passe le test du polygraphe. Un mois plus tard, le capitaine Lafrenière aurait envoyé une lettre à Huguette Drouin, dont Radio-Canada a obtenu copie. Il insistait de nouveau pour qu’elle convainque son fils de passer le test.

Test du polygraphe

Jonathan Bettez n'a jamais passé de test du polygraphe en lien avec la disparition et le meurtre de Cédrika Provencher.

Photo : Radio-Canada / Nicolas St-Germain

Huguette Drouin et André Bettez ont fait parvenir une mise en demeure au capitaine Jean Lafrenière pour qu’il cesse de communiquer avec eux. 

[La SQ] a fait preuve d’une cruauté inouïe à l’égard de ces derniers [les parents], conclut l’avocat de la famille, Me Jessy Héroux.  

Un noeud coulant devant la maison des parents

Peu de temps après l'arrestation de leur fils, la maison de Huguette Drouin et d’André Bettez a été vandalisée, comme en témoignent les photos obtenues par Radio-Canada.

Corde qui pend après la lumière près de la porte.

Cette corde a été laissée sur le perron de la maison de la famille de Jonathan Bettez.

Photo : Photo déposée à la cour

Ils ont aussi reçu des menaces. Une corde avec noeud coulant a même été laissée devant leur maison.

On peut y lire : peine de mort et mort au pédo.

La porte de garage de la résidence des Bettez a été vandalisée.

Photo : Photo déposée à la cour

Inquiétés par le vandalisme et les gestes menaçants, les parents de Jonathan Bettez ont décidé d’embaucher un agent de sécurité.

Oeufs cassés sur la porte.

Des oeufs ont été lancés sur la porte de la maison des Bettez, à Trois-Rivières.

Photo : Photo déposée à la cour

Accuser Jonathan Bettez à tout prix

Si le nom « Bettez » est désormais associé à la disparition de Cédrika Provencher, le 31 juillet 2007, c’est que « la conduite de la Sûreté du Québec a eu pour effet de cristalliser la perception du public selon laquelle Jonathan Bettez est la personne ayant enlevé et assassiné Cédrika Provencher », peut-on lire dans le document de 31 pages.

Plutôt que de faire preuve de prudence, la Sûreté du Québec a systématiquement fait preuve d’incurie évitant d’enquêter sur toute autre hypothèse possible et allant jusqu’à mentir pour épingler Jonathan Bettez en lien avec des accusations de possession de pornographie juvénile.

Extrait de la poursuite

Tout comme le juge Lacoursière l’avait mentionné dans sa décision d’octobre 2018, l’avocat de la famille Bettez ne souhaite pas que le public retienne, à la lumière de cette affaire, que la fin justifie les moyens.

La Sûreté du Québec voulait nuire à Jonathan Bettez, convaincre, malgré l’absence de motifs raisonnables, qu’il était responsable de la disparition de Cédrika Provencher et était prête, pour ce faire, à employer tous et chacun des moyens à sa disposition, peut-on lire dans la poursuite.

Un drapeau de la Sûreté du Québec

Jonathan Bettez et ses parents poursuivent la Sûreté du Québec, parce qu'ils considèrent qu'elle a mal agi.

Photo : Radio-Canada / Carl Boivin

« Plusieurs gestes fautifs et extrêmement graves »

La Sûreté du Québec et ses représentants ont commis plusieurs gestes fautifs et extrêmement graves, allègue Me Jessy Héroux, qui représente les Bettez.

La famille Bettez considère que cette conduite n’est pas seulement négligente et fautive, elle dénote un accroc délibéré aux règles les plus fondamentales de notre système de justice, dont la présomption d’innocence et le droit au silence, est-il écrit dans la poursuite.

Les policiers auraient intimidé Jonathan Bettez

Selon Me Héroux, la stratégie de la Sûreté du Québec visait à laisser croire que Jonathan Bettez était isolé, que même ses proches se retournaient contre lui.

En interrogatoire au quartier général de la Sûreté du Québec, à Montréal, les enquêteurs lui auraient montré un enregistrement dans lequel un ami le met en garde. Son ami lui aurait dit que le public croira qu’il est un pédophile s’il ne se soumet pas au test du polygraphe.

Le 30 août 2016, à son retour de Montréal, où il vient de subir un interrogatoire de treize heures, un des policiers qui l’escorte au palais de justice de Trois-Rivières pour sa comparution lui aurait dit : Aujourd’hui, c’est la fête de Cédrika et elle n’est pas là pour fêter son anniversaire. C’est ta conscience qui s’occupera de toi.

L’un des policiers lui aurait enfoncé son doigt dans le sternum en le traitant de lâche et de sans-coeur, lit-on dans la poursuite.

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