(Québec) L'arrivée d'Alexandre Taillefer en politique à titre de président de la campagne électorale du Parti libéral du Québec soulève des questions sur ses propriétés médiatiques, dont le magazine L'actualité, et sur ses intérêts commerciaux à titre d'homme d'affaires inscrit au registre des lobbyistes.
Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a affirmé jeudi que M. Taillefer sera « un président de campagne », soulignant qu'il n'est pas « un candidat à un poste électif. »
« Dans le passé, les présidents de campagne ne se sont pas départis de leurs intérêts [puisque] c'est [un poste] pour le temps de la campagne », a dit le chef libéral.
« Les gens qui deviennent membre du Parti libéral du Québec, je ne pense pas qu'ils mettent leurs fonds dans une fiducie sans droit de regard », a renchéri quelques minutes plus tard Jean-Marc Fournier, leader parlementaire du gouvernement, rappelant que le poste de directeur de campagne est un poste bénévole occupé par un militant du parti.
Or, le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Moreau, a également exprimé jeudi le souhait qu'Alexandre Taillefer, propriétaire d'entreprises de presse, prenne « les mesures que tous ceux qui s'engagent en politique doivent prendre, c'est-à- dire être prudent et transparent, s'assurer qu'il n'y a pas de situation de conflit ou des situations apparentes de conflits d'intérêts. »
« Ça s'applique à lui, ça s'applique à tout le monde, ça s'applique à tous les partis et ça s'applique à tous ceux qui s'impliquent en politique », a affirmé M. Moreau.
En politique et dans les médias
La situation d'Alexandre Taillefer, dont l'entreprise est notamment propriétaire du journal culturel Voir et du magazine d'affaires publiques L'actualité, rappelle pour certains députés de l'opposition l'arrivée en politique active de Pierre Karl Péladeau, ancien chef péquiste et aujourd'hui président de Québecor, notamment propriétaire du Journal de Montréal et de TVA.
« Il est président de la campagne [électorale du PLQ], la question se pose : va-t-il utiliser ses médias, dont L'actualité, pour faire la promotion du Parti libéral du Québec ? », s'est ouvertement questionnée la caquiste Nathalie Roy.
Lors d'une mêlée de presse, jeudi, la députée de la Coalition avenir Québec a aussi rappelé les positions passées de M. Taillefer, en faveur d'une réforme du mode de scrutin, alors que le parti pour lequel il milite s'y oppose.
« De toute évidence [Alexandre] Taillefer a abandonné ses principes », a pour sa part affirmé Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire.
Taillefer, progressiste?
Quand il a confirmé jeudi la nouvelle d'abord publiée dans La Presse, Alexandre Taillefer a expliqué sur Twitter qu'il militait pour le Parti libéral en raison des « positions progressistes de [Philippe] Couillard ».
« On ne peut pas être progressiste et faire campagne pour un des partis qui a le plus défait le filet social dans les dernières années », a dit à ce sujet M. Nadeau-Dubois.
La députée péquiste Agnès Maltais a de son côté demandé aux libéraux d'expliquer comment ils réagiront « aux demandes actuelles de M. Taillefer, qui est lobbyiste pour ses deux compagnies, Taxelco et XPND Capital, [alors qu'il est] leur président de campagne électorale. »
Concernant ses nouvelles fonctions au Parti libéral et le fait qu'il est propriétaire d'entreprises de presse, Mme Maltais s'est contentée de dire qu'il peut « être propriétaire d'une entreprise de presse [qu'il y a] des règles du commissaire à l'éthique (...) s'il est élu. »
-Avec Martin Croteau, La Presse
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