Les victimes du père Joveneau réclament 300 000$ chacune

Les abus perpétrés pendant 39 ans par le monstre de la Côte-Nord, Alexis Joveneau, tels que révélés par Le Journal depuis une semaine, pourraient coûter au moins 15 millions $ aux pères oblats.

Une trentaine de victimes présumées, dont des Blancs, des Innus et la nièce d’Alexis Joveneau, ont déposé hier au palais de justice de Montréal une demande d’action collective contre la congrégation religieuse.

La poursuite vise aussi le père Omer Provencher, qui a quitté les Oblats en 1980. Dans un entretien exclusif, celui-ci n’a pas nié avoir abusé d’enfants innus dans la communauté de Maliotenam, près de Sept-Îles.

Selon l’avocat qui pilote le dossier, Alain Arsenault, chacune des victimes pourrait toucher environ 300 000 $. Il estime le total à au moins 15 M$ puisqu’il s’attend à ce que plusieurs autres victimes s’inscrivent à l’action collective au cours des prochaines semaines. Il ne peut donc pas préciser de montant exact.

Comme un « pape »

Depuis vendredi, le Québec en entier a été horrifié par les preuves apportées dans de nombreux reportages publiés par Le Journal, où une vingtaine de victimes ont témoigné avoir été agressées par le père Alexis Joveneau, parfois même dans le confessionnal où il leur faisait répéter des prières.

« L’autorité morale du père Alexis Joveneau était telle qu’il était considéré comme un “pape” qui avait 12 apôtres et il se faisait appeler Jésus », peut-on lire dans la poursuite.

Le curé a même poussé l’audace jusqu’à agresser quelque 200 fois sa nièce Marie-Christine Joveneau, durant les neuf mois qu’elle a passés dans la communauté autochtone d’Unamen Shipu en 1981-1982.

Mme Joveneau, aujourd’hui âgée de 57 ans, est actuellement au Québec pour s’assurer que les Innus soient crus.

Malgré sa demande, le premier ministre canadien Justin Trudeau a refusé de la rencontrer.

Me Arsenault a confirmé que le témoignage de Mme Joveneau a contribué aux dénonciations de plusieurs victimes présumées.

La représentante des victimes, Noëlla Mark, a été une des premières à témoigner des abus lors de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles disparues et assassinées tenue à Maliotenam en novembre dernier.

Selon la poursuite, elle aurait été agressée chaque semaine pendant sept ans par le prêtre dès l’âge de 9 ans.

« Ces traumatismes ont marqué chaque victime ainsi que l’ensemble de la communauté. On a été attaqué dans notre dignité, il faut rompre le silence, il est trop lourd à porter et je suis contente de participer à ce début de libération... », a écrit Mme Mark dans une lettre remise aux médias.

Guérison

Celle-ci a également reproché aux Oblats d’avoir manqué à la protection des siens.

« La défenderesse savait ou devait savoir que d’autres de ses membres-préposés agressaient sexuellement des personnes sous leur responsabilité ou à l’occasion des activités de la défenderesse. »

« Cette poursuite, c’est la porte d’entrée vers la guérison », a conclu la nièce du monstre de la Côte-Nord.

vant d’aller de l’avant, la demande d’action collective doit être autorisée par un juge.

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